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UNIGE: pas de pénurie de ressources minérales en vue

Le problème des matières premières n'est pas tant le risque de pénurie que l'impact environnemental et sociétal, selon cette étude. Ici, une grève en mars dernier dans la plus grande mine de cuivre du monde, à Antofagasta, au Chili (archives). KEYSTONE/EPA EFE/MARIO RUIZ sda-ats

(Keystone-ATS) Les ressources en matières premières minérales sont suffisantes pour répondre à la demande croissante qu’entraîne l’industrialisation, et ce durant plusieurs centaines, voire milliers d’années. C’est le constat d’une étude internationale avec participation genevoise.

“Il ne faut pas confondre les ressources minérales qui existent sur Terre avec les réserves, à savoir les ressources minérales identifiées, mesurées et exploitables économiquement”, explique Lluis Fontboté, du Département des sciences de la Terre de l’Université de Genève (UNIGE), cité vendredi dans un communiqué.

“Or, certaines études qui annoncent une pénurie proche se fondent sur des statistiques qui ne prennent en compte que les réserves, c’est-à-dire une infime partie des gisements existants”, poursuit le scientifique.

Définir des réserves est un exercice coûteux: il faut investir dans l’exploration, le forage, les analyses, les mesures et les évaluations économiques. Les compagnies minières tendent donc à explorer et mesurer uniquement la quantité de minerai nécessaire à l’amortissement des investissements dans les mines, et donc leur rentabilité économique. Mesurer des réserves plus larges reviendrait à faire de coûteux investissements improductifs.

Sur vingt à quarante ans

Le résultat est que la durée de vie des réserves est maintenue à un taux relativement constant, courant sur une durée d’environ vingt à quarante ans, selon les métaux. D’où le risque fréquemment évoqué d’une pénurie à cette échéance.

Mais ce calcul est faux, car il ne prend aucunement en compte la quantité réelle de métaux à disposition, notamment les ressources identifiées actuellement non économiques et les larges ressources non encore découvertes.

D’autres études plus poussées essaient d’estimer les ressources globales réelles, mais c’est un exercice difficile, car nos connaissances sur le contenu en gisements métallifères dans de grandes parties de la croûte terrestre restent très fragmentaires. Ces estimations sont donc généralement très conservatrices.

De plus, l’immense majorité des gisements exploités a été découverte en surface ou dans les premiers 300 mètres, alors que nous savons qu’il en existent à des profondeurs plus grandes et que les techniques actuelles permettent d’aller jusqu’à 3000 mètres et plus.

Environnement et société

“Le véritable problème n’est pas l’épuisement des ressources, mais l’impact environnemental et sociétal que provoque leur exploitation”, précise le Pr Fontboté. En effet l’activité minière est liée à une dégradation environnementale qu’il faut compenser, même si des techniques modernes peuvent la minimiser fortement.

Les charges qui en découlent, y compris sociétales, doivent être réparties entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement et entre les communautés locales proches des mines et le reste de la société.

“Le recyclage est important et indispensable, mais ne suffira pas à combler la forte demande émanant des pays en voie de développement. Il faut donc continuer à chercher et à exploiter de nouveaux gisements, y compris dans les pays industrialisés”, selon le chercheur de l’UNIGE.

A son avis, “l’évolution rapide des technologies et des sociétés va probablement réduire les besoins en matières premières minérales, et donc la demande; en même temps, ces nouvelles technologies créent de nouveaux besoins en métaux, comme par exemple les 60 composants d’un téléphone multifonctions”. Ces travaux sont publiés dans la revue Geochemical Perspectives.

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