Des perspectives suisses en 10 langues

Un musicien thaïlandais écope de 15 ans de prison pour lèse-majesté

(Keystone-ATS) Un musicien a été condamné à quinze ans de prison en Thaïlande pour des propos jugés insultants envers la monarchie, a indiqué vendredi une source judiciaire. Le pays est doté de l’une des lois de lèse-majesté les plus sévères au monde.

Un tribunal de la province de Ubon Ratchathani a reconnu jeudi ce Thaïlandais de 28 ans coupable d’avoir posté plusieurs messages insultants sur Facebook en 2010 et 2011, a précisé à l’AFP un responsable du tribunal. Il a été condamné à 30 ans de prison, mais la peine a été réduite de moitié parce qu’il a reconnu les charges, a-t-il ajouté.

Le roi Bhumibol, 86 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d’un statut de demi-dieu. Et si la famille royale n’a aucun rôle politique officiel, elle est protégée par une des législations les plus sévères du monde: elle prévoit jusqu’à 15 ans de prison par accusation.

N’importe qui peut porter plainte et la police est obligée d’enquêter. La justice thaïlandaise a multiplié ces dernières années les lourdes peines et les arrestations pour des propos jugés insultants envers la monarchie.

Dossiers politiques

De nombreux intellectuels et organisations jugent que beaucoup de ces dossiers sont politiques. Ils relèvent qu’un grand nombre d’accusés ont des liens avec le mouvement des Chemises rouges, partisan de l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.

Le milliardaire, renversé par un coup d’Etat en 2006, reste le facteur de division du royaume. Sa soeur Yingluck a été chassée de son poste de Premier ministre par la justice en mai, deux semaines avant un nouveau putsch.

Chasse aux opposants

Depuis sa prise de pouvoir, la junte fait la chasse à ses opposants, et la lutte contre le crime de lèse-majesté sur Internet notamment est devenue une de ses priorités.

Avant le coup d’Etat, les appels à une réforme de la législation sur le crime de lèse-majesté s’étaient multipliés. Mais des universitaires qui réclamaient un vrai débat sur cette question ont fait partie de centaines de personnes convoquées par la junte et détenues plusieurs jours dans des lieux tenus secrets.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision