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Un ministre estime la paix avec les FARC à “un point de non retour”

Des dizaines de millions de m2 doivent être nettoyés de toute mine antipersonnel d'ici 2021 après l'accord de paix en Colombie (archives). KEYSTONE/EPA EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA sda-ats

(Keystone-ATS) La guérilla de l’ELN doit être “cohérente” et ne plus cibler de civils si elle veut revenir à la table des négociations, selon Bogota. Présent mercredi à Genève, le ministre Rafael Pardo estime que la paix avec les FARC a atteint en revanche un “point de non retour”.

“J’espère mais je ne sais pas” si le processus suspendu avec l’Armée de libération nationale (ELN) reprendra prochainement, dit dans un entretien à l’ats le responsable gouvernemental du suivi de l’accord de 2017 avec les FARC. Mais la dernière guérilla encore active en Colombie est “incohérente” en ayant décidé la reprise récente d’une offensive militaire de quelques jours pour protester contre la suspension du dialogue, selon lui.

Contrairement aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), l’ELN constitue “une sorte de fédération” de groupes qui ne dispose pas “d’une unité de commandement claire”, affirme-t-il. Et ses chefs sont en exil au Venezuela. “Ils ne souffrent pas” des conséquences du conflit. Un mandat d’arrêt a été lancé mardi contre près de 30 dirigeants de cette guérilla.

En revanche, M. Pardo estime que la paix avec les FARC est désormais garantie après des dizaines années d’un conflit qui a fait plus de 250’000 victimes au moins et plusieurs dizaines de milliers de disparus. “Un point de non retour a été atteint depuis des mois” et aucun gouvernement à l’avenir, y compris parmi ceux qui étaient opposés à l’accord, ne pourra le remettre en cause, affirme-t-il.

Municipalités “libérées” de toutes mines

Les FARC ont rendu toutes leurs armes, le tribunal qui doit garantir une justice transitionnelle est opérationnel et les anciens membres de la guérilla vont participer aux élections. En revanche, le ministre ne s’attend pas à ce que certains d’entre eux puissent entrer dans des gouvernements dans les prochaines années.

“Il y a peu de possibilités” qu’ils trouvent suffisamment de soutiens rapidement auprès des électeurs après les crimes perpétrés pendant des dizaines d’années, selon lui. “Nous avons fait la moitié du chemin” pour l’application de l’accord, dit-il.

Mercredi, il a annoncé lors d’une réunion privée à l’ONU à Genève que 188 municipalités sur près de 680 affectées ont été “libérées” de toute mine antipersonnel. Et des interventions sont menées dans 263 autres villes ou villages. Un peu plus de 200 resteront ensuite à être nettoyées pour atteindre l’objectif de l’Initiative mondiale lancée en 2016 pour une Colombie sans mine antipersonnel d’ici 2021.

Handicap International aussi active en Colombie

M. Pardo est confiant sur cette mesure parce que “nous n’avons commencé que depuis un an”. Les FARC participent au déminage avec plusieurs autres organisations dont Handicap International (HI). Et le gouvernement va engager une seconde unité militaire sur cette tâche. Outre les fonds déjà promis, il a besoin encore de près de 150 millions de dollars de la communauté internationale.

Plus de 50 millions de m2 de territoire sont potentiellement affectés par ces engins. Plus de 2000 personnes ont été tuées par des mines, dont une cinquantaine en 2017 encore.

Outre le déminage et l’inclusion des anciens membres des FARC, la mise en oeuvre prévoit le développement des zones rurales. Une mesure qui va prendre 15 ans environ, selon le ministre. Cette venue à Genève a eu lieu à quelques jours de la présentation par le maire de la ville, Rémy Pagani, des conclusions de sa mission d’observation en août dernier sur place à la demande d’une commission du Sénat colombien.

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