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Un Conseil des droits de l’homme – déjà – à réformer

L'ambassadeur roumain Doru Costea, président du Conseil, lors de la 6ème session. Keystone

La 6ème session du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU s'est terminée vendredi sur fond de tourmente birmane. Une session extraordinaire est annoncée sur cette question.

De son côté, le président du Conseil, à l’instar de George Bush, se dit favorable à une réforme de l’institution.

Le nouveau président du Conseil des droits de l’homme, le Roumain Doru Costea, entré en fonction début juillet, estime dans une interview publiée samedi par le journal «Le Temps» que l’organe a notamment échoué sur la question du conflit israélo-palestinien.

Le Conseil «doit examiner l’attitude de toutes les parties, pas seulement celle d’un pays», ajoute-t-il. Rappelons que dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York mardi dernier, le président américain George Bush avait critiqué l’action du Conseil et déploré qu’il se concentre «de façon excessive» sur Israël et non sur des pays comme Cuba, le Venezuela, la Corée du Nord ou l’Iran. Il avait appelé à une réforme de l’institution.

«Je suis d’accord avec lui. Il faut constamment améliorer le fonctionnement du Conseil», dit Doru Costea. Mais il exclut et estime même dangereuse la construction d’un autre organe pour le moment. «Maintenant que la nouvelle institution est sur pied, il faut la tester», déclare-t-il, en admettant que le Conseil a fait du bon et du mauvais travail. «Mais je serais inquiet s’il avait une image parfaite», insiste-t-il.

Traiter de la «substance»

Récemment, le Conseil a traité de dossiers comme l’examen périodique universel (mécanisme d’évaluation des Etats sur les droits de l’homme par leurs pairs) et aussi les mandats des rapporteurs spéciaux par pays.

«Il faut désormais traiter de la substance, des violations des droits de l’homme», estime Doru Costea. Des violations au Moyen-Orient, en Birmanie ou au Soudan «ne peuvent être abordées de façon purement nationale, sectorielle», ajoute l’ambassadeur roumain.

A l’actif du Conseil, selon lui, quelques accords qui ont dépassé la logique des «blocs» du Conseil, comme la session spéciale sur le Darfour ou celle sur la Birmanie prévue mardi prochain.

La Birmanie sous pression

La convocation de la session spéciale sur la Birmanie, à l’initiative de l’Union européenne (UE), a été soutenue par 17 pays membres du Conseil, dont la Suisse, et 53 pays au total (membres et observateurs). Elle a été saluée comme un signal important adressé à la junte birmane.

«Les autorités de Rangoun ont désormais une indication supplémentaire que la communauté internationale ne laissera pas la violence sans réponse», a déclaré Peggy Hicks, directrice de Human Rights Watch (HRW).

Vendredi, dernier jour de la 6ème session du Conseil, l’Union européenne (UE) s’était déclarée consternée par l’échec des autorités de Rangoun à ne pas faire usage de la violence. Elle a averti qu’elles seront tenues responsables de la sécurité de tous les manifestants.

«Nous condamnons fermement toute violence contre les manifestants pacifiques et nous demandons aux autorités de renoncer à la violence et de s’engager dans un dialogue ouvert et constructif avec toutes les composantes de la société birmane» a déclaré lors d’une conférence de presse l’ambassadeur du Portugal auprès de l’ONU, Francisco Xavier Esteves, représentant l’UE.

Il n’a pas exclu que Bruxelles examine d’autres options, comme des sanctions renforcées, en fonction de l’évolution de la situation en Birmanie, et estimé que le Conseil de sécurité de l’ONU a encore un rôle à jouer.

A noter que l’émissaire spécial de l’ONU, Ibrahim Gambari, est arrivé samedi en Birmanie. Il doit tenter de convaincre le régime de régler pacifiquement la crise politique en cours.

swissinfo et les agences

Pour remplacer la Commission des droits de l’homme de l’ONU, créée en 1946, en mars 2004, la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey lance l’idée du Conseil des droits de l’homme.

En septembre 2005, le sommet de l’ONU consacré aux objectifs du millénaire adopte le principe d’un Conseil des droits de l’homme.

La première session a eu lieu en juin 2006.

Le Conseil des droits de l’homme siège à Genève et dépend directement de l’Assemblée générale de l’ONU. Il est constitué de 47 Etats membres élus à la majorité absolue des 191 membres de l’Assemblée générale.

Le Conseil tiend au moins trois sessions par année avec la possibilité de convoquer une réunion spéciale en cas de crise.

La session spéciale du Conseil convoquée pour mardi à Genève devrait notamment demander au rapporteur de l’ONU pour les droits de l’homme en Birmanie de se rendre à Rangoun et de faire rapport à la prochaine session du Conseil en décembre.

Il faut l’aval d’un tiers des 47 pays membres du Conseil pour qu’une session spéciale ait lieu. Il s’agira de la cinquième session extraordinaire que le Conseil tiendra en urgence depuis sa création en juin 2006.

Les précédentes sessions avaient été convoquées l’an dernier pour discuter de la situation à Gaza en juillet, de la guerre au Liban en août, de l’attaque israélienne contre Beit Hanoun (Gaza) en novembre, puis de la situation au Darfour en décembre.

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