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UNIGE: comment le dragon développe sa collerette

Collerette d’un dragon Chlamydosaurus repliée et érigée. UNIGE/Michel Milinkovitch sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs genevois ont percé le mystère de la collerette érectile du lézard dragon. Une branchie embryonnaire ancestrale se transforme en une poche de cou qui s’agrandit et se plisse, constituant la collerette, rapportent les scientifiques dans la revue eLIFE.

Le dragon à collerette Chlamydosaurus kingii vit dans le nord de l’Australie et au sud de la Nouvelle-Guinée. Ce lézard a un large disque de peau qui repose autour de la tête et du cou. Généralement repliée contre le corps, cette collerette peut s’ériger de façon spectaculaire pour effrayer les prédateurs et les concurrents.

Le pliage des côtés gauche et droit se fait au niveau de trois crêtes préformées, mais on ignorait encore quelle structure ancestrale avait évolué pour devenir la collerette du dragon, et comment les crêtes se formaient au cours du développement, a indiqué mardi l’Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

Recyclage des branchies

L’équipe dirigée par Michel Milinkovitch, professeur au Département de génétique et évolution de l’UNIGE et chef de groupe à l’Institut Suisse de Bioinformatique, démontre que la collerette du dragon, ainsi que les os et cartilages qui la soutiennent, se développent à partir des arcs branchiaux.

Il s’agit d’une série de bandes de tissu embryonnaire qui ont évolué pour devenir les supports branchiaux des poissons et qui donnent maintenant naissance à de nombreuses structures dans l’oreille et le cou des vertébrés terrestres.

Chez la plupart des espèces, la deuxième arcade branchiale finit par fusionner avec les arcades qui la suivent. Mais chez le dragon, cet arc continue de s’étendre, conduisant à la formation de sa collerette.

“Ces changements du développement des arcs branchiaux mettent en évidence la manière dont l’évolution est capable de ‘recycler’ les anciennes structures en de nouvelles formes jouant des rôles différents”, s’enthousiasme Michel Milinkovitch, cité dans le communiqué.

Processus mécanique

Au fur et à mesure que la collerette se développe, la face antérieure de la peau forme trois plis successifs, qui constituent les crêtes. En étudiant leur formation, l’équipe suisse révèle qu’elles ne résultent pas d’une croissance accrue aux sites de pliage, mais de forces physiques, la croissance de la collerette étant limitée par son attache au cou.

La couche supérieure finit par onduler, ce qui crée les plis de la collerette. “Nous avons ensuite simulé ce processus dans un modèle informatique et nous avons découvert qu’on pouvait récapituler la manière dont les plis se développent dans les collerettes des véritables embryons de lézard”, poursuit le Pr Milinkovitch.

Ces résultats fournissent de nouvelles preuves sur la capacité de processus physiques et génétiques à façonner les tissus et les organes au cours du développement de l’embryon, conclut l’UNIGE.

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