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Un médecin vaudois trace la piste des jeunes fondeurs mongols

Quinze jeunes skieurs de fond, venus de Mongolie et âgés de 12 à 15 ans, s'entraînent au Chenit (VD) près du Col du Marchairuz. Ils espèrent faire partie des huit skieurs de fond que comptera l’equipe de Mongolie pour les Jeux Olympiques de la jeunesse à Lausanne en 2020. Keystone/VALENTIN FLAURAUD sda-ats

(Keystone-ATS) Le médecin vaudois Pascal Gertsch se bat pour mettre sur pied une équipe de ski de fond mongole en vue des JOJ 2020. Grâce à lui, quinze ados du pays de Genghis Khan s’entraînent jusqu’à fin janvier sur les pistes de la Vallée de Joux.

Initiateur du projet, Pascal Gertsch qui a officié comme médecin généraliste aux Diablerets jusqu’en 2009, a attrapé le virus de la Mongolie en 2012. Il y est retourné depuis à maintes reprises. Une exposition à la galerie d’art l’Essor au Sentier (VD) témoigne de cette passion jusqu’au 28 janvier, tout comme l’ouvrage de photographies “Mongolie mon amour” réédité aux Editions Favre.

Flamme olympique

Le Vaudois de 71 ans apporte tout d’abord de l’aide médicale dans cet immense pays si peu peuplé. “Maintenant je fais de la prévention”, raconte celui qui fut médecin de l’équipe suisse de ski nordique à l’époque de Sapporo.

L’étincelle s’est produite en voyant une paire de gosses qui faisaient du ski de fond dans le village où Genghis Khan a vu le jour, Dadal. La petite flamme a été alimentée par l’annonce de l’accueil par Lausanne des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ 2020).

Plaisir des gosses

Avec sa compagne, il décide de développer ce sport “propre et éthique” chez les jeunes de Mongolie et de faire participer une équipe aux épreuves de 2020.

“Le but est le plaisir des gosses. S’ils mordent au ski de fond, c’est une petite frange qui échappera au tabagisme et l’alcoolisme. Ca commence tôt là-bas: à 5,6 ans, les enfants boivent du lait de jument fermenté”, constate-t-il.

Le septuagénaire a déjà organisé en janvier 2017 une première compétition à Dadal, le Trophée Gengis Khan. L’enthousiasme a été grand, rapporte-t-il.

Faire renaître ce sport

“Le ski de fond est mort après le départ des Russes. Je souffle sur des braises. Il faut un peu de carburant, c’est ce que j’essaie d’amener”.

Au volant de son camion Steyr 680 G ou d’un Pinzgauer, il convoie à plusieurs reprises du matériel récolté en Suisse: des skis, bâtons, des vêtements, mais aussi un traceur, en été 2016.

Ce voyage restera dans les annales. Les gardes-frontière russes ne l’autorisent à faire entrer qu’une seule paire de skis, alors qu’il en transporte plus de 100. Le chargement restera en Finlande.

Pascal Gertsch peut heureusement poursuivre le voyage avec sa chenillette. Il retournera en septembre en Finlande afin d’envoyer deux palettes de 420 kilos par avion à Oulan Bator.

Former un médecin

Autre projet qui lui tient à coeur, la remise sur pied d’un centre de ski nordique créé par les Russes à Khandgait à 35 km d’Oulan Bator. Mais les négociations ne sont pas faciles avec la Municipalité qui ne veut pas lâcher le terrain, note-t-il.

De leur côté, les autorités sportives mongoles sollicitent son aide pour un médecin sportif. Pascal Gertsch recherche un candidat qui viendra se former pendant un an au CHUV en 2019 et qui accompagnera l’équipe pour les JOJ 2020.

Matériel recherché

Pour leur premier entraînement en Suisse, les quinze fondeurs de 12 à 15 ans sont accueillis à la Vallée jusqu’au 30 janvier. Il a été extrêmement difficile de leur obtenir des visas, soupire l’organisateur. Ils reviendront en 2019, avant les épreuves de 2020, dans l’espoir de faire partie de l’équipe de Mongolie.

Pascal Gertsch, qui finance l’essentiel du projet avec la générosité des Combiers, recherche encore “pour ses gosses” des parrains susceptibles de financer le matériel pour leur entraînement à la Vallée, qu’ils emporteront ensuite dans leur pays.

Allers et retours

Là-bas, le médecin a pour objectif de distribuer 300 paires de skis de fond. Le Vaudois se dit preneur de lattes en bon état et à ancienne fixation SNS (système Salomon).

Le médecin a déjà fait dix allers et retours pour veiller au bon fonctionnement du projet. “C’est magnifique de voir l’enthousiasme de ces jeunes, alors que les Suisses se montrent tellement réticents pour les Jeux olympiques. Ma plus belle récompense, c’est leur sourire”, glisse-t-il.

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