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Moins d’un quart des migrants morts au large de l’Espagne retrouvés

Depuis début 2018, douze embarcations portées disparues en Méditerranée avec des migrants à bord n'ont jamais été retrouvées (archives). KEYSTONE/AP/OLMO CALVO sda-ats

(Keystone-ATS) Moins d’un quart des plus de 1000 morts en traversant la Méditerranée entre l’Afrique du nord et l’Espagne depuis début 2018 ont été retrouvés, affirme l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Elle tient ses informations des migrants ou de leurs familles.

Cette ONG espagnole a décompté 1’020 disparus en mer de janvier 2018 à fin avril 2019 dans un rapport publié mardi. Seulement 204 cadavres ont été retrouvés, assure-t-elle.

Ces chiffres sont proches de ceux de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) des Nations unies, selon laquelle 952 migrants ont été retrouvés morts ou ont disparu dans cette zone de la Méditerranée depuis début 2018.

“Sûrement d’autres” victimes

“Il y a sûrement d’autres” victimes dont Caminando Fronteras n’a pas eu connaissance, a affirmé devant la presse Helena Maleno, la dirigeante de l’ONG. “Mais celles-là, nous en sommes sûrs. Car notre travail est d’enquêter avec les familles, de mettre un nom sur chacune (des victimes) et de relater comment ces naufrages se sont passés”.

“On refuse aux familles le droit à faire leur deuil”, s’est indignée Helena Maleno. Elle est en contact direct avec les migrants tentant de traverser la Méditerranée pour gagner l’Espagne.

Depuis début 2018, douze embarcations portées disparues en Méditerranée avec des migrants à bord n’ont jamais été retrouvées, relève également Caminando Fronteras. “Ces tragédies sont, s’il en est, les plus angoissantes et blessantes qui soient à cause de leur impact, aucun survivant ne pouvant établir un récit et la vérité des disparitions”, lit-on dans le rapport intitulé “Vie à la nécro-frontière”.

Comme Salvini

Helena Maleno a été blanchie en mars de poursuites judiciaires pour trafic d’êtres humains au Maroc. Elle accuse l’Espagne de négliger ses services de sauvetage en mer.

“Nous faisons pratiquement la même chose que Salvini (le ministre de l’Intérieur d’extrême droite italien, NDLR): nous retirer. Seulement, d’une manière plus maquillée”, a dénoncé Helena Maleno. Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a assuré la semaine dernière que la politique de sauvetage de l’Espagne n’avait pas été modifiée.

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