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Le salon de Farnborough insensible aux tensions commerciales

A l'image de la reprise par Airbus du programme C-Series de Bombardier, le segment de l'aviation régionale devrait être fortement disputé ces prochaines années. KEYSTONE/AP/FREDERIC SCHEIBER sda-ats

(Keystone-ATS) L’industrie aéronautique tient salon à Farnborough, en Angleterre, dès lundi avec l’espoir que les tensions commerciales ne dissuaderont pas les compagnies aériennes de faire leur marché, tandis que les tensions géopolitiques devraient favoriser les ventes d’armes.

Pas plus que les difficiles négociations sur le Brexit, les tensions commerciales entre les Etats-Unis d’un côté et la Chine et l’Union européenne de l’autre ne semblent pas menacer le boom que connaît depuis plusieurs années le secteur de l’aéronautique et de la défense, qui pèse quelque 800 milliards de dollars (à peu près autant en francs).

“L’environnement global continuera de refléter la bonne santé du secteur en dépit des nuages sombres du Brexit et d’autres menaces sur le front commercial”, déclare Richard Aboulafia, analyste chez Teal Group. “En fait, la tendance des dernières années devrait continuer, l’aéronautique restant une bulle protégée dans un monde turbulent.”

Demande attendue en hausse

Boeing devrait confirmer la hausse de la demande dans le transport aérien à la suite d’Airbus qui a relevé ses prévisions de marché le 6 juillet.

L’avionneur européen voit la flotte mondiale d’avions passagers plus que doubler pour atteindre 48’000 appareils en 20 ans, avec une croissance du trafic aérien de 4,4% par an, entraînant un besoin de 37’390 avions passagers et cargos neufs.

Les deux grands constructeurs vont gonfler leurs carnets de commandes déjà pleins pour leurs monocouloirs tout en espérant relancer leurs ventes de long-courriers.

Selon des sources, Boeing table sur une commande significative de l’Arabie saoudite pour son futur 777X, son plus gros bimoteur.

Airbus de son côté espère sceller une commande d’AirAsia pour son A330neo après des négociations difficiles sur le prix.

Farnborough est le premier grand salon d’aéronautique depuis qu’Airbus et Boeing ont remodelé le secteur en prenant le contrôle l’un du programme CSeries du canadien Bombardier , l’autre des avions civils du brésilien Embraser .

Concurrence sur les avions régionaux

Il devrait en résulter une concurrence acharnée sur le segment des avions à 100-150 sièges, avant même que Boeing n’ait finalisé son accord avec Embraer.

Airbus compte d’ores et déjà sur la confirmation d’une importante commande de Moxy, une nouvelle compagnie, pour l’ex-CSeries rebaptisé Airbus A220.

Farnborough devrait aussi confirmer la forte demande pour les avions cargo avec le coup de fouet apporté au transport de marchandises par l’essor du commerce en ligne.

L’an dernier, le salon avait vu l’annonce de quelque 900 commandes ou engagements. Les analystes n’excluent pas un chiffre du même ordre cette année.

La remontée des cours du carburant, si elle constitue un bon argument de vente pour les nouveaux avions moins gourmands en énergie, pèse sur les résultats des compagnies et pourrait retarder certaines décisions d’investissements.

Boeing par ailleurs devrait maintenir l’intérêt pour un potentiel futur avion de milieu de marché (220-270 places), tout en se donnant jusqu’à l’an prochain pour prendre une décision.

Les lucratifs contrats de maintenance et de services seront aussi au premier plan et il sera aussi beaucoup question des risques d’un Brexit “dur”, autrement dit une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union européenne en mars 2019.

Cet aspect concernera tout spécialement la défense et la future stratégie du gouvernement britannique en matière d’avions de chasse.

Le salon de Farnborough, qui se tient tous les deux ans en alternance avec le salon du Bourget à Paris, fermera ses portes le 22 juillet.

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