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Le pilotage de la fermeture de Fessenheim est lancé

Fessenheim
Une vue générale du site nucléaire de Fessenheim, près de Bâle (archives) KEYSTONE/EPA/RONALD WITTEK sda-ats

(Keystone-ATS) La fermeture de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim, près de Bâle, a été engagée vendredi avec la mise en place d’un comité de pilotage pour la reconversion du site. Quelque 2000 emplois sont menacés par cette fermeture.

Le secrétaire d’Etat français à la transition écologique Sébastien Lecornu est venu sur place dans la journée en démineur, tant le dossier est sensible et priverait les collectivités publiques de 14 millions d’euros (16,5 millions de francs) de recettes fiscales.

“La centrale fermera, j’assume cette décision. Je ne viens pas avec un chèque, mais je ne viens pas les mains vides. Il s’agit de construire un projet pour le territoire qui soit exemplaire”, a d’abord déclaré M. Lecornu lors d’une visite à Colmar.

La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim a été planifiée entre fin 2018 et début 2019, au moment de la mise en place du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche). Ce sera une première pour le parc électronucléaire français qui compte 58 réacteurs en fonctionnement, dont deux à Fessenheim.

Le géant énergétique français EDF évalue à 79 milliards d’euros (93 milliards de francs ) le coût du démantèlement de tous les réacteurs en France.

Accueil sous haute tension

M. Lecornu savait que l’accueil serait froid en Alsace. Chahuté par une trentaine de manifestants à son arrivée jeudi à la mairie de Fessenheim après une réunion avec les syndicats, il a dit comprendre le désarroi et la colère. Le site emploie directement 850 salariés d’EDF et 330 salariés permanents d’entreprises prestataires, sans compter les quelque 2000 emplois indirects et induits.

Lors d’une réunion vendredi avec des élus locaux, les services de l’Etat, des représentants d’EDF, des associations et des acteurs économiques français et allemands, le secrétaire d’Etat a esquissé “des pistes opérationnelles” pour assurer une reconversion du site nucléaire “vers des activités durables et prometteuses”.

Des pistes variées seront soumises “dans les prochains jours” aux membres du gouvernement et un délégué interministériel sera nommé “sous quinzaine” pour suivre le dossier, a-t-il annoncé.

Réponse franco-allemande

L’une des priorités de l’Etat français seront les 330 emplois liés à la sous-traitance. “Sur cette question, la réponse sera franco-allemande”, a dit M. Lecornu. Une cellule spécifique traitera avec les salariés, “au cas par cas”, en collaboration avec l’Allemagne “qui a besoin de ce genre de profil”, a-t-il précisé.

Le rapprochement avec l’Allemagne se fera aussi au niveau fiscal grâce à “une harmonisation des conditions fiscales” entre le territoire autour de Fessenheim et la zone limitrophe du Bade-Wurtemberg.

L’Etat français s’est engagé à “neutraliser les pertes fiscales” des collectivités locales concernées et veut lancer un appel à projets dans les domaines des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, …) pour “ouvrir une nouvelle page de l’histoire industrielle de l’Alsace”, a expliqué Sébastien Lecornu.

Ediles et syndicats satisfaits

Les discussions ont “ouvert des perspectives” pour une partie du Haut-Rhin et de l’Alsace, a estimé vendredi le président de la région Grand Est Jean Rottner. Les représentants syndicaux ont, eux, jugé “constructive” leur première rencontre avec M. Lecornu.

A noter enfin que le secrétaire d’Etat ne s’est pas rendu directement sur le site vendredi où l’attendaient une centaine de manifestants. Mais il doit revenir à Colmar pour la réunion du comité de pilotage à mi-avril. Le calendrier de la fermeture du site de Fessenheim et de son démantèlement seront alors discutés.

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