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Le jour de gloire de Daniel Giubellini

(Keystone-ATS) Daniel Giubellini avait créé la sensation il y a tout juste 30 ans, devenant champion d’Europe aux barres parallèles le 27 mai 1990 à Lausanne.

Ce titre avait valu de l’or pour toute la gymnastique masculine helvétique. Ce jour-là, la pression ne venait pas seulement d’un public vaudois qui attendait beaucoup des Suisses. L’avenir même de Daniel Giubellini et de ses coéquipiers était en jeu, avec notamment des budgets à augmenter ou à couper dans l’optique de la préparation des JO 1992 à Barcelone.

Giubellini – mais aussi le Glaronnais René Plüss qui s’est paré d’argent à la barre fixe au terme d’une journée mémorable – n’a pas ressenti la moindre nervosité malgré tout l’enjeu. “Dès que tu montes sur l’agrès, tu oublies tout le reste. Tu ne te concentres que sur ton exercice”, a souligné un jour le Zurichois.

Une surprise d’être en finale

“C’était déjà une surprise pour moi de me retrouver en finale parmi les huit meilleurs”, a rappelé Daniel Giubellini, qui avait 21 ans au moment d’entamer ces joutes disputées dans la patinoire de Malley. Il a su se surpasser en finale, réussissant chaque élément de son exercice un peu mieux que la veille.

Troisième gymnaste en lice dans cette finale, Daniel Giubellini était crédité de 9,80 points. L’attente fut ensuite interminable pour le Zurichois. Mais lorsque le favori soviétique Valentin Mogilny obtint la même note que lui, ce fut la délivrance.

Pour la première fois depuis le sacre du Bernois Ernst Fivian au sol en 1959 à Copenhague, la gymnastique artistique suisse pouvait fêter un titre continental. Mais le héros du jour a témoigné d’un calme étonnant en la circonstance, savourant son triomphe en silence.

Ce n’est que quelques années plus tard que Daniel Giubellini allait trouver les mots justes pour décrire les sentiments qui l’avaient animé lors de la cérémonie protocolaire: “Je ne suis pas du genre émotif. Les larmes n’ont pas coulé. Mais j’ai ressenti quelque chose de très fort au fond de moi.”

Un avenir assuré

Les exploits inattendus signés par Daniel Giubellini et René Plüss avaient permis à la gymnastique masculine helvétique de respirer. Elle a ainsi pu préparer sereinement les Mondiaux de 1991 à Indianapolis, où une 11e place obtenue dans le concours par équipes lui a permis de décrocher son ticket pour les JO de Barcelone.

Daniel Giubellini, qui a pris sa retraite sportive dix mois après le rendez-vous catalan, n’a cependant jamais profité de ce statut de professionnel durement acquis. Il n’aimait de toute manière pas cela: il avait l’habitude de ne se consacrer pleinement à son sport que quelques mois avant les grandes compétitions.

Aujourd’hui gérant des institutions de prévoyance chez Swiss Life, le Zurichois préférait continuer à travailler, prenant congé pour des camps à Macolin. Aujourd’hui, c’est à travers ses enfants qu’il est lié à la gymnastique: Luca, 17 ans, Matteo, 15 ans, et Chiara, 13 ans, font tous partie des cadres espoirs de la FSG.

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