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Le chauffard de l’avenue de Rhodanie face à ses juges

Le procès a débuté par une inspection sur les lieux du drame. Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès de l’automobiliste vaudois, qui avait écrasé et tué un jeune couple sur un passage piéton de Vidy en 2017, a débuté mardi à Lausanne. L’audience s’est ouverte sur les lieux du drame. Une centaine de proches des disparus se sont ensuite pressés au Tribunal.

L’automobiliste de 65 ans qui avait mortellement fauché un homme de 25 ans et sa compagne de 22 ans, le 8 avril 2017 à Lausanne fait face à ses juges depuis mardi matin. Ce Vaudois comparait pour homicide par négligence, infractions graves à la loi fédérale sur la circulation routière et conduite d’un véhicule automobile malgré une incapacité à conduire.

Le sexagénaire encourt théoriquement jusqu’à trois ans de prison, mais pourrait bien n’écoper que d’une peine avec sursis. Son procès a débuté sur les lieux du drame, à l’avenue de Rhodanie. Il s’est poursuivi devant une salle archicomble de la Cour correctionnelle de l’arrondissement de Lausanne. Une centaine de proches des disparus étaient venus.

Dépassement “à toute allure”

Le samedi de l’accident, vers 17h15, le prévenu, un forain et rentier AI, circulait en direction de la Maladière au volant de son utilitaire blanc. L’artère était très fréquentée en cette journée ensoleillée de vacances.

L’homme a tenté de dépasser une voiture qui était en train de céder le passage au jeune couple. “J’ai vu dans mes rétroviseurs un véhicule blanc arrivant à toute allure. Il m’a dépassé et a renversé le couple. Ses feux de freinage ne se sont allumés qu’après qu’il leur soit passé dessus”, a raconté le conducteur de la voiture lors de l’inspection des lieux.

En chaise roulante

L’accusé, venu dans une chaise roulante, a expliqué plus tard à la barre qu’il avait passé le repas de midi et l’après-midi du drame sur les quais d’Ouchy entre amis. Ce diabétique de type 2 dit y avoir bu trois décilitres de rosé et qu’il se sentait “physiquement très bien” au moment de prendre le volant.

“J’avais mangé des sucres lents et je savais donc que je n’avais pas besoin de contrôler ma glycémie. J’ignorais que la règle aurait voulu que je le fasse tout de même. Aucun de mes médecins ne m’avait jamais rendu attentif à ça”, a-t-il expliqué.

Pied coincé

L’homme se souvient que son pied handicapé s’est coincé entre les gaz et la pédale de frein après le giratoire près de Philip Morris. “Mes souvenirs sont confus, mais je sais que dans la panique je me suis cramponné au volant. Le temps de décoincer mon pied, c’était fini”.

“Après les faits, l’accusé était effondré. Ses souvenirs n’étaient pas clairs. Il ne se souvenait par exemple pas de la présence de la voiture devant lui. En fin d’audition, il m’a dit qu’il regrettait profondément”, s’est souvenu à la barre l’un des premiers policiers présents sur les lieux.

L’enquête confirme que le pied droit du prévenu s’est coincé une centaine de mètres avant l’impact. “Pris de panique par sa perte de maîtrise, il a donné des mouvements de volant incontrôlés qui ont provoqué un écart à gauche puis à droite et l’accident”, a ajouté le policier.

Projetés au sol

L’îlot central séparant les deux voies de la chaussée et une voiture arrivant face à lui ont obligé l’accusé à se rabattre. Ce faisant, il a fauché les deux jeunes gens, mais a évité de justesse la sœur du jeune homme qui les accompagnait.

Les deux malheureux ont été projetés au sol, puis écrasés. Le fautif, qui circulait entre 50 km/h et 60 km/h d’après le conducteur de la voiture, n’est parvenu à s’arrêter que 37 mètres plus loin d’après l’acte d’accusation. Ce document précise que l’accusé était sous médicaments lors du drame. L’audience doit se poursuivre mardi après-midi et mercredi. Verdict jeudi en fin de journée.

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