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Le canton de Fribourg se dote d’une unité de gestion des menaces

Le conseiller d'Etat fribourgeois Maurice Ropraz a qualifié de projet très important la volonté de créer une unité de gestion des menaces (archives). KEYSTONE/PATRICK HUERLIMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Fribourg veut se doter d’une unité de police et d’un réseau de partenaires pour identifier, analyser et désamorcer les risques d’actes violents. Le gouvernement concrétise ainsi l’un de ses objectifs de législature contre la criminalité.

“C’est un projet très important pour le canton”, a indiqué vendredi à Fribourg le conseiller d’Etat Maurice Ropraz, chef de la Direction de la sécurité et de la justice (DSJ). “Le risque s’est accru dans notre société ces dernières années et fait partie du travail quotidien des autorités”, a précisé le ministre libéral-radical.

“Le contexte veut que des gens se définissent en opposition plutôt qu’en intégration au fonctionnement de la collectivité”, a regretté Maurice Ropraz. Ce dernier a souligné que l’avant-projet, mis en consultation jusqu’au 18 avril, constituait l’une priorité de la politique de lutte contre la criminalité pour la période 2018-2021.

Cadre plus général

Il s’agit de créer un cadre, via la révision de la loi sur la police cantonale, pour mettre en oeuvre un concept de gestion des menaces. “La révision s’inscrit dans un cadre suisse obligeant les cantons à répondre aux recommandations publiées par le Réseau national de sécurité sur la radicalisation et l’extrémisme violent.”

L’idée consiste à prévenir tout abus ou toute dérive, a ajouté Maurice Ropraz, qui s’est empressé d’écarter toute volonté de fichage. L’action concerne plusieurs services, en particulier en lien avec la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS), confrontés à des personnes à risque et des quérulents.

La future Unité de gestion des menaces (UGM), “au coeur du dispositif”, devra identifier le potentiel danger que peuvent constituer des personnes ou des groupes, comme le recours à des actes violents contre autrui. Il s’agit ensuite de l’évaluer et de finalement de le désamorcer, a détaillé le conseiller d’Etat.

Petite équipe

L’UGM sera composée de deux à trois personnes, a expliqué Philippe Allain, commandant de la police cantonale, pour traiter 150 cas par an. Elle comportera des femmes et des hommes, bilingues, et agira en réseau pour désamorcer les risques. Les échanges surviendront dans un cadre légal et le Conseil d’Etat aura la haute main sur le tout.

“Les cas à traiter ne concernent que rarement un seul registre”, a noté Philippe Allain. “La violence est multiforme”, avec non seulement la radicalisation et l’extrémisme violent, mais aussi la violence domestique, la violence autour du sport, les troubles potentiels à l’ordre public et la traque furtive (stalking).

L’UGM bénéficiera par ailleurs du soutien d’un groupe d’experts dans le domaine mental et psychosocial, a complété Maurice Ropraz. Ce groupe sera nommé par le Conseil d’Etat, sur recommandation du DSJ. Il y aura la possibilité de pratiquer des entretiens préventifs.

Auteurs souvent connus

“Les auteurs sont déjà connus des autorités dans 50% des cas”, a poursuivi Philippe Allain, évoquant des “cas connus mais pas judiciarisés”. “L’UGM agira en amont, avant le passage à l’acte avec une prise en charge”, a précisé le capitaine André Progin, chef de projet en rapport avec cette unité

La révision de la loi sur la police cantonale pourrait prendre effet au premier semestre 2020, a prédit Maurice Ropraz, qui s’est montré confiant dans l’accueil qui sera réservé à son avant-projet. Quant au Grand Conseil, il devrait être saisi du dossier au deuxième semestre de cette année.

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