Le canton de Berne demande pardon aux anabaptistes
(Keystone-ATS) Le conseiller d’Etat Christoph Neuhaus a présenté aux mennonites les excuses de l’Etat. Il l’a fait pour les souffrances que les autorités bernoises ont infligées aux anabaptistes au fil des siècles.
Le canton de Berne, la paroisse mennonite de Berne et la paroisse de la cathédrale de Berne ont révélé en commun cette information vendredi. C’est la première fois dans le canton de Berne que des paroles aussi claires sont prononcées au niveau politique pour reconnaître une injustice passée, a constaté Dorothea Loosli, de la paroisse mennonite de Berne, selon le communiqué.
L’assistance a accueilli avec gratitude ces “paroles inattendues”, a ajouté Mme Loosli. L’événement a eu lieu le 11 novembre, à l’occasion de la Nuit des religions. Mais comme il est passé inaperçu, la paroisse mennonite de Berne et la paroisse de la cathédrale de Berne ont proposé de diffuser un communiqué de presse.
D’après le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), le canton de Berne est parmi ceux qui ont poursuivi le plus durement cette Eglise libre. Elle a pris naissance au 16e siècle, dans la foulée des débuts de la Réforme. Des centaines d’anabaptistes – “mennonites” est un autre terme pour les désigner – ont été chassés du canton de Berne, relève le DHS.
Ennemis de l’ordre étatique
Pour les anabaptistes, l’Eglise n’était pas une institution dirigée par les autorités bernoises, mais une communauté de croyants au sein de laquelle les décisions personnelles comptaient, a rappelé Christoph Neuhaus (UDC) dans son discours. Ils se sont ainsi trouvés en profond désaccord avec l’Etat, qui voulait une Eglise qui rassemble et impose les mêmes préceptes à tous.
L’Etat a donc commencé à considérer les anabaptistes comme des ennemis de l’ordre étatique et à les combattre, un événement profondément tragique, selon Christoph Neuhaus, directeur cantonal de la justice, des affaires communales et des affaires ecclésiastiques.
Les deux paroisses et la Conférence mennonite suisse souhaitent rendre hommage officiellement à cette demande de pardon, probablement à l’occasion de l’inauguration du chemin des anabaptistes au printemps 2018.
Ce parcours retracera la persécution de la communauté au fil de stations semblables à celles d’un chemin de croix, pour rappeler que la liberté de croyance est intangible et inviter chacune et chacun à la respecter.