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Lausanne accueille le gratin du journalisme scientifique mondial

Plus d'un millier de journalistes et communicants scientifiques du monde entier se retrouveront la semaine prochaine au SwissTech Convention Center de l'EPFL (archives). KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Lausanne accueille la semaine prochaine la 11e Conférence mondiale des journalistes scientifiques. Ce rassemblement biennal réunira un millier de journalistes et communicateurs scientifiques de 82 nationalités.

La conférence, WCSJ de son petit nom anglais, se déroulera du 1er au 5 juillet au SwissTech Convention Center, sur le campus de l’EPFL/UNIL. Elle est mise sur pied par l’Association suisse du journalisme scientifique (ASJS), qui avait lancé la candidature lémanique, rejointe par ses organisations sœurs en France (AJSPI) et en Italie (SWIM).

Interrogé par Keystone-ATS, Olivier Dessibourg, président de l’ASJS, souligne que la manifestation est organisée par les journalistes scientifiques pour des journalistes scientifiques: “Ce n’est pas une opération de communication”, dit-il.

“En plus d’abondamment discuter des défis de leur métier, l’idée est que ces journalistes venus du monde entier le fassent à Lausanne, c’est-à-dire écrivent des articles”, poursuit M. Dessibourg. Au cours de la semaine, ils auront l’occasion de visiter des laboratoires et de participer à des “field trips”, excursions sur le terrain dans toute la Suisse, mais aussi en France et en Italie, voire en Allemagne, en Jordanie et en Russie.

Les trois quarts du millier de participants attendus sont des journalistes travaillant pour différents médias, le reste étant des chargés de communication. Plus d’une centaine de ces journalistes ont bénéficié de bourses prenant en charge leurs frais de déplacement et d’hébergement.

Des articles au retour

“L’un des buts est d’élargir leur horizon et qu’ils écrivent des articles au retour dans leur pays”, précise le président de l’ASJS. Ce qui, bien entendu, contribuera à faire connaître l’Arc lémanique scientifique. L’opération a néanmoins pour objectif principal de défendre, présenter et promouvoir un journalisme scientifique indépendant et de qualité dans les médias du monde entier.

La candidature lausannoise a bénéficié assez rapidement du soutien de l’EPFL, du CERN, des universités de Lausanne et de Genève ainsi que des milieux politiques et économiques. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga sera présente à la soirée d’ouverture, ainsi que la ministre française de la recherche Frédérique Vidal et le commissaire européen à la recherche Carlos Moedas.

Et l’engouement n’a fait que prendre de l’ampleur. Parmi les orateurs annoncés figurent ainsi Hoesung Lee, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la directrice du CERN Fabiola Gianotti, le No 2 de la NASA Thomas Zurbuchen, la No 2 de l’OMS Soumya Swaminathan ou encore le directeur exécutif de l’Agence européenne pour la sécurité alimentaire Bernhard Url.

S’y ajoutent des professeurs de différents domaines, des responsables d’instituts de recherche et last but not least, le Prix Nobel de chimie 2017 Jacques Dubochet.

Sont également annoncés des “pointures” du journalisme, comme les Prix Pulitzer Deborah Blum, Deborah Nelson et Elizabeth McGowan, ainsi que de nombreux rédacteurs et rédacteurs en chef de différents médias, spécialisés ou non. L’événement proposera de très nombreux débats, ateliers et présentations.

Le journalisme d’abord

“Nous voulons faire passer l’idée que dans journalisme scientifique, il y a d’abord journalisme”, relève Olivier Dessibourg, pour qui “il n’y a pas de raison de traiter la science autrement que les autres domaines, il ne faut pas l’idéaliser”. Il s’agit de conserver un regard sainement critique pour évaluer l’importance des publications, mais aussi détecter les fraudes, conflits d’intérêts ou éventuelles “fake-news”.

“Pour cela, il ne faut pas forcément des docteurs en physique, mais des journalistes ayant les clés de lecture nécessaires pour remettre les choses dans leur contexte; le journaliste scientifique n’est pas un ‘passe-plat’ des services de communication”, ajoute M. Dessibourg.

L’état du métier

A cet égard, l’événement lausannois sera également l’occasion de faire le point sur “l’état du métier”. A l’heure des restrictions tous azimuts dans les médias, la chronique scientifique est en effet à la peine: “C’est la première qu’on réduit lorsqu’il faut faire des économies et la dernière que l’on encourage lorsqu’il y a des moyens à disposition”, note Olivier Dessibourg.

De manière générale, c’est “un registre sous-exploité dans les médias”, dit-il. On pourrait faire beaucoup mieux, surtout avec la richesse en matière de recherche scientifique dont on dispose en Suisse en général et en Suisse romande en particulier, conclut le président de l’ASJS.

Le budget de la manifestation est de 2,5 millions de francs, provenant pour un tiers de fondations, un autre tiers d’entités publiques et le troisième du secteur privé.

https://www.wcsj2019.eu/

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