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La Suisse en retard dans sa cartographie des sols

En comparaison européenne, la Suisse accuse du retard dans la cartographie de ses sols (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Des informations détaillées sur les sols manquent pour de larges portions du territoire suisse. Les chercheurs du Programme national de recherche 68 suggèrent la création d’une plate-forme nationale et l’utilisation de méthodes numériques pour accélérer le mouvement.

Le centre de services national pour la cartographie des sols a été supprimé en 1996, et sa mission transférée aux cantons. Depuis, peu de cantons ont pu compléter les données manquantes, a indiqué jeudi le Fonds national suisse (FNS) dans un communiqué.

Ainsi, on ne dispose aujourd’hui d’informations suffisantes que pour 10% à 15% de la surface agricole utile. Ce manque d’informations harmonisées est l’une des raisons pour lesquelles le sol n’est pas ou que très peu pris en compte dans de nombreux processus politiques et décisionnels.

Or, des données solides et couvrant l’ensemble du territoire sont indispensables si l’on veut que le sol satisfasse à la diversité des utilisations auxquelles il est appelé: production alimentaire, fourniture d’eau potable et aménagement du territoire, notamment.

Position unique en Europe

Selon les chercheurs du Programme national de recherche “Utilisation durable de la ressource sol” (PNR 68), la Suisse se trouve même dans une position unique en comparaison européenne, alors même que son sol est soumis à une forte pression.

Dans leurs conclusions, ils suggèrent par conséquent la mise en place d’une plate-forme afin de compléter la récolte des données du sol classique sur le terrain par des technologies numériques. Il s’agit d’adapter le processus de sorte à pouvoir cartographier des zones plus étendues qu’auparavant.

Les auteurs proposent de se pencher en premier lieu sur les surfaces d’assolement précieuses pour l’agriculture et proches des agglomérations. Cet échelonnement peut aussi contribuer à utiliser le mieux possible les ressources en personnel et à garantir le transfert de savoir entre les générations.

Certains processus et analyses pourraient être automatisés. En plus d’optimiser et d’accélérer la récolte de données, il est aussi nécessaire d’améliorer la préparation, la coordination et l’accès aux informations.

Retour sur investissement

“En récoltant les données et en constituant cette plate-forme d’informations sur les sols, on investit pour l’avenir, un investissement qui va s’étendre sur deux décennies”, explique Armin Keller, d’Agroscope, cité dans le communiqué.

Cela implique des coûts estimés entre 15 et 25 millions de francs par année, principalement pour la cartographie par des bureaux d’ingénieurs privés et pour l’infrastructure nécessaire.

En s’appuyant sur dix exemples, les auteurs montrent que la cartographie à l’échelle nationale crée une valeur ajoutée considérable. Avec une meilleure information sur les sols, les seuls coûts de traitement de l’eau potable peuvent baisser de 10% à 15%, c’est-à-dire de 7 à 10 millions de francs par année.

Pour l’ensemble des dix exemples fournis par les auteurs et en partant d’hypothèses minimalistes, cette amélioration de l’information sur les sols peut faire économiser entre 55 et 132 millions de francs sur l’ensemble de la Suisse.

Lancé en 2012, le PNR 68 arrive à son terme. Deux autres synthèses thématiques seront publiées ces prochaines semaines.

http://www.snf.ch/fr/pointrecherche/n

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