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L’UE avertit du coût politique et économique d’un report

Theresa May et Michel Barnier, la première va demander un report du Brexit dont le second avertit du coût politique et économique. KEYSTONE/EPA/PATRICK SEEGER sda-ats

(Keystone-ATS) Londres va demander mercredi de différer le Brexit au-delà de la date prévue du 29 mars. Pour le négociateur de l’UE, un tel report aurait un “coût politique et économique”.

Toute demande de Londres en ce sens devra donc être justifiée par de bonnes raisons, a mis en garde mardi le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier. “Une extension, c’est une prolongation de l’incertitude, elle a un coût politique et économique”, a-t-il ajouté devant la presse après une réunion avec des représentants des pays de l’UE, à dix jours de la date programmée du Brexit.

“C’est la raison, l’objectif de cette extension (…) qui conditionnera la durée” du report que pourraient accepter les dirigeants des 27 autres pays de l’UE. Et ceux-ci devront se prononcer à l’unanimité, a encore déclaré le Français.

Mardi, un porte-parole de la dirigeante conservatrice a indiqué que la première ministre britannique Theresa May va adresser d’ici mercredi une lettre à l’UE pour demander un report du Brexit au-delà de la date prévue du 29 mars. Ce porte-parole n’a cependant pas précisé quelle serait la longueur du report demandé, ni les justifications qui seraient avancées.

Pas de renégociation

De son côté, Michel Barnier a une nouvelle fois rappelé que l’UE excluait de renégocier le contenu du traité de sortie négocié pendant un an et demi avec Mme May. Le parlement britannique a déjà rejeté par deux fois ce texte, et le président de la Chambre des Communes s’est opposé à un troisième vote faute de modification de l’accord déjà présenté par la dirigeante conservatrice.

Le négociateur en chef de l’UE a en revanche réitéré que la porte était ouverte à des modifications de la “déclaration politique” qui doit accompagner le traité de retrait. Le but de ce texte est de tracer les contours de la future relation commerciale que veulent nouer Londres et Bruxelles après leur divorce.

Prête au no deal

Il “pourrait être rendu plus ambitieux dans les jours qui viennent si une majorité à la Chambre des Communes le souhaite”, a même précisé M. Barnier. Pour sortir de l’impasse actuelle, il faut “des choix et des décisions de la part du Royaume-Uni”, a-t-il lancé. Car les dirigeants des 27 “auront besoin d’un plan concret (de Londres) pour prendre une décision en connaissance de cause” sur un report du Brexit, lors du sommet réuni à partir de jeudi à Bruxelles.

Pour Michel Barnier, les deux “questions-clés” sont de savoir si une extension accroît les chances d’une ratification de l’accord de retrait et si le Royaume-Uni demande une extension parce qu’il veut un peu plus de temps pour retravailler la déclaration politique.

Et si Mme May y réclame une “extension longue”, cette demande “doit être liée à quelque chose de nouveau, un événement nouveau, ou à un processus politique nouveau”, a dit le Français, sans détailler de quel type “d’événement” il pourrait s’agir. “Du côté de l’UE, nous sommes préparés à un ‘no deal'”, c’est-à-dire un divorce de l’UE sans accord entre les deux parties, a une nouvelle fois prévenu le négociateur européen.

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