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L’ex-secrétaire d’Etat Georges Tron acquitté d’accusations de viols

Georges Tron avait été contraint de démissionner le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique du gouvernement Fillon (archives). KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON sda-ats

(Keystone-ATS) La thèse d’un élu abusant de son pouvoir pour “vampiriser ses victimes” n’a pas convaincu la cour: l’ex-secrétaire d’Etat français Georges Tron a été acquitté jeudi des accusations de viols et agressions sexuelles de deux ex-employées municipales.

Il en va de même pour son ex-adjointe à la Culture à la mairie de Draveil (Essonne). Six ans de prison ferme avaient été requis contre Georges Tron, comparé au “comte Dracula”, et quatre ans contre Brigitte Gruel. Pour l’avocat général, l’élu avait “abusé de son pouvoir avec ses subordonnées” puis tenté de “politiser une affaire purement sexuelle” en dénonçant un complot.

Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusaient Georges Tron de leur avoir imposé, avec Brigitte Gruel, des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010. Depuis le début de l’affaire, en mai 2011, ils ont toujours clamé leur innocence.

Dans ses motivations lues par son président Philippe Coirre, la cour d’assises a considéré que les éléments à charge n’étaient pas suffisants pour les condamner. La cour a estimé que Georges Tron et Brigitte Gruel avaient participé à des “ébats sexuels en présence de tiers” dans un “contexte général hypersexualisé”. Et que si les “scènes à caractère sexuel évoquées par les plaignantes” étaient “avérées”, ces dernières n’ont pas apporté la preuve qu’elles étaient en “situation de contrainte”.

“Logique de vengeance”

La cour a aussi considéré qu’elles étaient toutes les deux dans une “logique de vengeance” après un licenciement pour Eva Loubrieu et un changement de poste pour Virginie Ettel. Georges Tron et Brigitte Gruel, 61 ans, soutenaient que le “ressentiment” de ces anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d’extrême droite.

A l’issue du verdict, ils ont longuement embrassé leurs proches venus les soutenir. “C’est l’illustration que la justice n’est pas la justice médiatique où Georges Tron a été condamné dans des conditions inadmissibles durant sept ans, privé de la possibilité de poursuivre sa carrière, moqué”, a réagi l’avocat de Georges Tron, Eric Dupond-Moretti.

“Un appel est possible mais ce serait un appel de vanité et d’orgueil”, a-t-il également estimé. Le ministère public a dix jours pour faire appel.

“Beaucoup d’amertume”

“La déception est grande, beaucoup d’amertume. Le combat que je mène depuis des années, je tiens à dire que je ne lâcherai pas”, a de son côté réagi, très émue, Eva Loubrieu. “Je ne lâcherai rien, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain”. Virginie Ettel, qui pleurait à l’énoncé du verdict, a fait un malaise quelques minutes plus tard.

“Les motifs qui sont retenus pour prononcer l’acquittement de George Tron m’apparaissent scandaleux”, a déclaré son avocat Vincent Ollivier. Lorsqu’une cause est juste on ne s’arrête pas après avoir perdu une bataille (…) c’est une femme d’un courage inouï, elle va se remettre”, a-t-il ajouté. “J’attends donc que le parquet général fasse appel et j’ai confiance dans cette logique judiciaire”, a-t-il poursuivi.

Sur Twitter, la porte-parole d’Osez le féminisme a déploré le verdict: “Colère, dégoût… A toutes les victimes de viols et d’agressions sexuelles… Courage. Nous vous croyons. Nous sommes là pour vous. Nous obtiendrons, un jour, ensemble, une justice à la hauteur”.

Dans ses réquisitions mercredi, l’avocat général avait également demandé que les accusés soient déclarés inéligibles pendant cinq ans et inscrits sur le fichier des délinquants sexuels. L’élu de l’Essonne, à la tête de Draveil (30’000 habitants à 25 km de Paris) depuis 1995 et conseiller départemental, avait été contraint à démissionner le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique du gouvernement Fillon.

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