Des perspectives suisses en 10 langues

Il y a 20 ans décédait le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz

Jean-Pascal Delamuraz, ici lors d'une photo prise en juillet 1996, s'est éteint il y a 20 ans à Lausanne (archives). KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Vaud et la Suisse s’apprêtent à commémorer les 20 ans de la mort de Jean-Pascal Delamuraz, décédé le 4 octobre 1998 à Lausanne. Deux décennies plus tard, il demeure l’un des conseillers fédéraux les plus emblématiques que la Suisse n’ait jamais connu.

Le radical vaudois avait siégé de 1984 à 1998 au Conseil fédéral. Rattrapé par la maladie, un cancer du foie diagnostiqué durant l’été 1997, il avait abandonné ses fonctions fin mars 1998, au moment de fêter ses 62 ans. Il devait décéder à peine six mois plus tard.

Sa disparition avait suscité une vive émotion dans son canton d’origine, mais aussi dans toute la Suisse, alémanique comprise. Quatre jours plus tard, 1500 personnes avaient suivi les obsèques du Vaudois à la cathédrale de Lausanne, regardées en direct à la télévision par près de 300’000 téléspectateurs. Les hommages avaient fusé, unanimes.

Tumeur maligne

Les problèmes médicaux avaient commencé en janvier 1992, avec une hospitalisation à la suite d’un problème cardiaque. En décembre 1995, juste avant de devenir président de la Confédération pour la seconde fois, il avait subi une intervention à coeur ouvert pour l’implantation d’une valve aortique artificielle.

En été 1997, Jean-Pascal Delamuraz était à nouveau hospitalisé. Diagnostic: tumeur cancéreuse au foie. Après l’ablation d’une partie de l’organe en juillet, le ministre de l’économie avait repris le travail en septembre contre vents et marées.

Le 14 janvier, il annonçait sa démission – sur laquelle la presse et les politiques spéculaient depuis longtemps déjà – pour fin mars 1998. Les semaines suivantes allaient être semées d’ennuis annexes de santé pour lui.

Fort charisme

Vingt après son décès, le canton de Vaud et la Suisse se souviennent d’un politicien populaire, doté d’un fort charisme. Sur le plan politique toutefois, c’est un échec qui demeure le plus présent dans les mémoires, celui du 6 décembre 1992, lorsque les Suisses avaient refusé d’adhérer à l’Espace économique européen (EEE).

Locomotive européenne de la Suisse durant des années, au côté notamment de son collègue neuchâtelois René Felber, Jean-Pascal Delamuraz avait été fortement marqué par cet échec. L’adhésion de la Suisse à l’Organisation mondiale du commerce (OMC, ex-GATT) restera sans conteste le plus grand succès de la carrière du ministre vaudois.

Anticipant l’OMC, Jean-Pascal Delamuraz s’était aussi attelé à la réforme de la politique agricole. Autre réussite, la libéralisation du marché intérieur. Récession oblige, la lutte contre le chômage a également occupé sa fin de carrière. Fin 1996, il avait semé le trouble suite à une déclaration polémique en pleine tempête de l’affaire des fonds en déshérence.

Politique au berceau

Originaire de Longirod (VD), Jean-Pascal Delamuraz est né le 1er avril 1936 à Paudex, village lémanique où son père garagiste était syndic. En 1960, il avait obtenu sa licence en sciences politiques à l’Université de Lausanne. Son accession au poste d’administrateur-adjoint de l’exposition nationale de 1964 devait le propulser sur le devant de la scène.

Après avoir mis sur pied, en 1965, le secrétariat permanent du parti radical vaudois, il avait accédé en 1970 à la municipalité de Lausanne, où il avait dirigé pendant quatre ans les travaux publics. En 1974, il avait succédé une première fois à Georges-André Chevallaz au poste de syndic de Lausanne, qu’il avait occupé jusqu’en 1981.

Conseiller national de 1975 à 1983, Jean-Pascal Delamuraz avait encore brièvement siégé, de 1981 à 1983, au Conseil d’Etat vaudois, à la tête du département de l’agriculture, du commerce et de l’industrie. Puis, il était élu le 7 décembre 1983 au Conseil fédéral.

Au gouvernement, le Vaudois a occupé le Département militaire fédéral (DMF) de 1984 à 1986, passage obligé souvent pour un nouvel élu, avant de prendre les rênes début 1987 du Département fédéral de l’économie. Il a occupé la présidence de la Confédération à deux reprises, en 1989 et 1996.

Jean-Pascal Delamuraz était marié et père de deux enfants.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision