Des perspectives suisses en 10 langues

Donald Trump propose un compromis pour financer son mur

L'érection d'un mur à la frontière mexicaine était une promesse centrale de la campagne électorale présidentielle de Donald Trump en 2016. KEYSTONE/AP/ALEX BRANDON sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump propose d’offrir un statut temporaire et des extensions de permis de séjour à environ un million de migrants risquant à terme d’être expulsés des Etats-Unis. Cela en échange du financement par le Congrès de son mur frontalier.

Cette offre, faite samedi dans un discours télévisé, vise selon M. Trump à “sortir de l’impasse” du blocage budgétaire des services fédéraux depuis près d’un mois. La cheffe de la majorité démocrate à la Chambre des représentants Nancy Pelosi avait au préalable rejeté cette offre dont la teneur avait été dévoilée par la presse.

Selon Mme Pelosi, ce qui est présenté comme une concession présidentielle n’est qu’une “compilation de plusieurs initiatives déjà rejetées par le passé et chacune inacceptable”. Les démocrates refusent d’accorder à M. Trump les 5,7 milliards de dollars qu’il exige pour réaliser le mur, sa promesse emblématique de campagne.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a salué une “décision courageuse” du président “pour rouvrir les administrations, sécuriser les frontières et agir de manière non partisane pour régler les questions actuelles sur l’immigration”. Il a indiqué qu’il soumettrait la proposition présidentielle à la haute assemblée dès la semaine prochaine. Le texte sera ensuite discuté à la chambre basse, contrôlée par les démocrates.

L’offre du président

Le président républicain s’est notamment engagé à rallonger de trois ans un permis de séjour temporaire qui avait été créé par Barack Obama puis supprimé une fois Donald Trump à la Maison Blanche, connu sous le nom de programme Daca. Cette mesure, dans un contexte de division politique extrême, profiterait à quelque 700’000 clandestins auto-baptisés “Dreamers” (rêveurs), entrés illégalement sur sol américain avec leurs parents.

M. Trump a aussi proposé de prolonger de trois ans un statut de protection temporaire (TPS) qui permet à environ 300’000 immigrants de travailler légalement sans titre de séjour. Ce statut avait été abrogé pour les ressortissants de plusieurs pays depuis l’arrivée au pouvoir de M. Trump.

Il a une nouvelle fois insisté sur l’angle sécuritaire d’une crise également humanitaire, accusant les caravanes de migrants d’Amérique centrale qui tentent d’entrer aux Etats-Unis d’y amener également de nombreux criminels et de vastes quantités de stupéfiants. Le président a parlé de “compromis fondé sur le bon sens”, mais la première réaction des démocrates semblait indiquer que le “shutdown” avait toutes les chances de se poursuivre.

Intransigeance des deux camps

“Enlevons la politique de tout ça, mettons-nous au travail et trouvons un accord”, avait dit auparavant M. Trump. Le New York Times a écrit samedi que les démocrates avaient rallongé d’un milliard de dollars leur offre précédente de 1,3 milliard pour la sécurité à la frontière, mais toujours sans argent pour le mur.

L’intransigeance de part et d’autre jusqu’à présent provoque depuis le 22 décembre un “shutdown” partiel, une paralysie des administrations fédérales faute d’adoption de leur budget par le Congrès. Quelque 800’000 fonctionnaires fédéraux sont affectés, en étant en congé sans solde ou contraints de travailler car jugés essentiels mais sans être payés.

Ils devraient tous recevoir leurs salaires à la fin du “shutdown” mais, en attendant, certains rencontrent de graves difficultés pour payer leurs factures, leurs remboursements de prêts ou tout simplement faire leurs courses alimentaires.

“Ce n’est plus un problème de mur. C’est un problème de salaire dans lequel le Congrès joue aux imbéciles”, a tweeté samedi le sénateur républicain Mitt Romney. “Votez les lois de la Chambre. Inscrivez le mur dans le prochain budget”.

La caravane de “migrants”

Lors d’une première allocution solennelle le 8 janvier depuis le Bureau ovale, le président avait assuré que les Etats-Unis étaient confrontés “à une crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière sud”. Il avait également mis en garde contre les immigrants clandestins qui font couler “le sang américain”.

Et, samedi matin, il s’en est une nouvelle fois pris aux autorités mexicaines, évoquant une “caravane” de migrants partie comme plusieurs auparavant ces derniers mois d’Amérique centrale en direction des Etats-Unis. “Le Mexique ne fait RIEN pour arrêter la Caravane qui est désormais totalement formée et qui se dirige vers les Etats-Unis”, a-t-il tweeté.

Environ 2000 migrants centroaméricains, en grande majorité des Honduriens, ont illégalement franchi vendredi la frontière entre le Guatemala et le Mexique. Et une nouvelle caravane a quitté mardi San Pedro Sula au Honduras et avance en groupes séparés. Il s’agit de la troisième provenant de ce pays depuis le départ le 13 octobre d’un premier cortège, qui avait rassemblé jusqu’à 7000 personnes.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision