Des perspectives suisses en 10 langues

Des néonazis se réunissent pour un festival controversé

Ce premier rassemblement "Schild und Schwert" ("Bouclier et Epée"), qui dure deux jours, mobilise quelque 1100 policiers. KEYSTONE/EPA/MARTIN DIVISEK sda-ats

(Keystone-ATS) Des centaines de néonazis se sont retrouvés vendredi, jour anniversaire de la naissance d’Hitler, dans une bourgade de l’est de l’Allemagne pour le début d’un festival de musique controversé. Il est placé sous haute surveillance policière.

Les extrémistes, des hommes pour la plupart, portaient des t-shirts flanqués de slogans d’extrême droite, tels que “blanc est ma couleur préférée” et “Adolf était le meilleur”, a constaté un journaliste sur place. Leur service de sécurité était assuré par un groupe se faisant appeler “la fraternité aryenne”.

Ce premier rassemblement “Schild und Schwert” (“Bouclier et Epée”), qui dure deux jours, mobilise quelque 1100 policiers soutenus par des canons à eau et des bateaux patrouillant sur la Neisse, la rivière le long de laquelle s’étend cette localité de 2300 habitants, selon le journal “Sächsische Zeitung”. La police locale n’a pas donné un chiffre précis.

Précaution supplémentaire : le tribunal régional a interdit toute consommation d’alcool aux visiteurs du festival, qui ne pourront pas non plus apporter de bouteilles en verre ou encore certaines races de chiens.

Résurgence de l’extrême droite

Outre les participants allemands, des extrémistes en provenance d’Europe de l’Est sont aussi attendus à Ostritz, qui se situe dans l’ex-RDA, à la frontière avec la Pologne et la République tchèque.

Les organisateurs misent sur environ 800 participants au total, mais selon des militants antifascistes d'”Antifa”, jusqu’à 3500 néonazis sont susceptibles d’être attirés par le festival placé sous le thème de la “Reconquête de l’Europe”.

Il prévoit, outre des concerts de groupes des milieux ultra-nationaliste et hooligan, des débats politiques, des séances de tatouages et de pratique d’arts martiaux.

L’événement intervient sur fond de résurgence en Allemagne des mouvements d’extrême droite, alimentée par les craintes liées à l’afflux massif de réfugiés de Syrie et d’Afghanistan en 2015, qui a permis au parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) de faire son entrée dans la chambre des députés après les législatives du 24 septembre. Ce parti a fait ses meilleurs scores en Saxe, où a lieu le festival.

Son initiateur est Thorsten Heise, un membre du petit parti ultra-nationaliste NPD, qui a de nouveau échappé à une interdiction l’an passé, la Cour constitutionnelle jugeant son audience trop faible pour représenter un danger.

Contre-manifestations

Des centaines de personnes ont participé à deux contre-manifestations.

“Le fascisme n’est pas une opinion, c’est un crime”, estime un de leurs organisateurs. “Nous essayons d’occuper l’espace public autour de l’hôtel” où a lieu le festival “afin de dire que nous défendons la démocratie ici et pour qu’Ostritz ne devienne pas leur nouveau terrain de rassemblement”, a-t-il ajouté.

Responsables politiques et religieux locaux et associations issues de la société civile ont parallèlement organisé un “festival de la paix”, une réunion à caractère familial dans le centre-ville.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision