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Départ du directeur général de LafargeHolcim

Eric Olsen, directeur général, va quitter l'entreprise à mi-juillet (archives). KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Le directeur général de LafargeHolcim, Eric Olsen, va quitter le géant du ciment au 15 juillet 2017. Le CEO était sur la sellette dans le cadre du financement indirect de groupes armés en Syrie. Le groupe a toutefois écarté la responsabilité de ce dernier.

“Ma décision est guidée par la conviction qu’elle contribuera à apaiser les fortes tensions qui sont récemment apparues autour de la question de la Syrie”, a déclaré Eric Olsen, cité dans le communiqué. “Bien que je n’aie été en aucune manière impliqué, ni même informé d’actes répréhensibles, je pense que mon départ contribuera à ramener de la sérénité à une société”, a-t-il ajouté.

Beat Hess, président du conseil d’administration, va assurer l’intérim, le temps qu’un successeur soit désigné, a précisé lundi le géant franco-suisse basé à Zurich. Eric Olsen va quitter l’entreprise deux ans après avoir repris la fonction de directeur général et après avoir mené “à bien” la fusion entre le saint-gallois Holcim et le français Lafarge.

Fonds à des tierces parties

En mars, le groupe avait admis avoir conclu des arrangements pour maintenir l’activité d’une cimenterie située à Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d’Alep. La filiale locale, qui appartenait alors à Lafarge avait remis des fonds à des tierces parties pour trouver des arrangements avec des groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions.

Ceci est intervenu alors que la situation politique en Syrie avait créé des conditions difficiles pour assurer la sécurité de l’usine et de ses employés, avait reconnu le groupe. Une enquête interne n’avait pas pu établir avec certitude quels étaient les destinataires ultimes des fonds, avait précisé LafargeHolcim.

Selon le journal français Le Monde, qui avait révélé l’affaire, ces arrangements ont notamment profité à l’organisation État islamique (EI). A la suite de ces révélations, plusieurs ONG, puis le Ministère de l’économie français, ont porté plainte contre le cimentier, l’accusant notamment de financement du terrorisme et d’avoir enfreint les sanctions édictées par l’Union européenne contre le régime de Bachar al-Assad.

Dans un communiqué séparé, le cimentier a confirmé lundi que certaines mesures prises en vue de permettre à l’usine syrienne de poursuivre un fonctionnement sûr étaient inacceptables. Des erreurs de jugement significatives “ont été commises”.

Pas de compromis

Dans le cadre de cette enquête interne et compte tenu de la fonction actuelle de directeur général, le rôle et l’implication éventuelle d’Eric Olsen ont été examinés. Après avoir procédé à un examen approfondi, le conseil a conclu que le CEO n’était ni responsable, ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés.

Suite à la conclusion de l’enquête, le conseil d’administration a mandaté Eric Olsen et son équipe de direction afin de mettre en oeuvre ces mesures correctives. Le comité Ethique, intégrité et risques aura la responsabilité de superviser la mise en oeuvre rigoureuse de ces mesures.

Le président du conseil d’administration a ajouté que le groupe “est déterminé à ce que des événements comme ceux survenus en Syrie ne se reproduisent plus jamais chez LafargeHolcim”. Selon Beat Hess, “il ne saurait y avoir de compromis en matière de règles de conformité et de respect des standards fixés par le code de conduite de l’entreprise, quels que soient les défis opérationnels.

Leader mondial du ciment, LafargeHolcim emploie environ 90’000 personnes dans le monde. A la suite de l’annonce du départ du directeur général, l’action ouvrait en progression à la Bourse suisse dans un marché haussier.

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