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Syrie: régime responsable de crimes de guerre sur l’accès à l’eau

Les bombardements indiscriminés se sont poursuivis ces derniers mois (archives). KEYSTONE/EPA/YOUSSEF BADAWI sda-ats

(Keystone-ATS) Les forces progouvernementales sont à nouveau accusées de crimes de guerre en Syrie. Dans un document, la Commission d’enquête indépendante de l’ONU a dénoncé à Genève les attaques contre les sites d’approvisionnement d’eau de Damas et un raid aérien sur des écoles.

A Wadi Barada, contrôlée jusqu’en janvier par les rebelles, l’aviation syrienne a bombardé en décembre des infrastructures. Ces raids ont privé plus de 5 millions de personnes d’un accès régulier à l’eau. Jusqu’à présent, le co-président du Groupe de travail sur les questions humanitaires en Syrie Jan Egeland avait indiqué ne pas pouvoir affirmer si les sites avaient été bombardés ou sabotés.

Les rebelles assiégés avaient menacé à plusieurs reprises de couper l’accès à l’eau. Les autorités avaient pris une telle mesure fin décembre, les accusant d’avoir contaminé l’eau. Personne n’a souffert de contamination avant le 23 décembre, date des raids, a indiqué la Commission dont fait partie la Tessinoise Carla del Ponte.

“L’eau n’a pas été contaminée par l’une des deux parties”, ajoute-t-elle. En visant ces infrastructures importantes pour les civils où se trouvaient certes des combattants armés, le régime a perpétré un crime de guerre. Et ce raid était disproportionné, ajoute la Commission.

Armes ciblées

Autre situation, 21 enfants étaient décédés en octobre dans le bombardement d’écoles dans la région d’Idleb. “Sans pitié” et sans “cible militaire légitime”, ce raid “équivaut à des crimes de guerre”, explique la Commission dans le document préparé pour son dialogue mardi devant le Conseil des droits de l’homme.

Ce rapport couvre la période de fin juillet 2016 à fin février 2017. Le gouvernement est également responsable d’autres crimes de guerre qui ont ciblé des centres de santé ou du personnel médical. Notamment l’attaque début février contre le siège du Croissant-Rouge syrien (SARC) à Idleb, attribué par la Commission soit au régime soit à la Russie.

Il y a deux semaines, l’institution avait dénoncé le recours des forces progouvernementales à des armes chimiques comme le chlore à Alep. Dans le document présenté mardi, ce reproche est mentionné pour plusieurs régions. Devant le Conseil, le gouvernement syrien a condamné la “politisation” de la Commission qui a “dépassé son mandat”.

Femmes tuées pour adultère

Les groupes rebelles sont aussi visés dans le rapport. Ils ont lancé des attaques indiscriminées contre des civils, dont de nombreux enfants, dans plusieurs régions dont Alep et Idleb. Ils sont également accusés de procès inéquitables, de détentions arbitraires, de disparitions forcées ou encore de torture.

Des femmes ont été tuées pour adultère par l’Etat islamique (EI) ou Fateh al-Cham. Dans la région d’Idleb notamment, le second de ces groupes terroristes continue d’utiliser des enfants.

Par ailleurs, les forces kurdes continuent de recourir à la conscription forcée et n’ont pas apporté une assistance humanitaire adaptée aux déplacés de leur région. Parmi ses recommandations, la Commission demande à nouveau aux parties de ne pas cibler les travailleurs humanitaires ni les civils.

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