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Soudan du Sud: une enquête internationale demandée à l’ONU à Genève

Plus de 3 millions de personnes ont été déplacées par les violences au Soudan du Sud (archives). KEYSTONE/AP sda-ats

(Keystone-ATS) Les risques de “nettoyage ethnique” au Soudan du Sud inquiètent la Commission de l’ONU sur les droits de l’homme dans ce pays. Elle a demandé lundi à Genève des investigations internationales menées par l’ONU et, d’ici 6 à 9 mois, le lancement d’une cour hybride.

Ce mandat devrait faciliter des procès qui respectent les standards internationaux, estime la Commission dans son rapport qui doit être présenté dans un peu plus d’une semaine au Conseil des droits de l’homme. La cour hybride prévue sur le Soudan du Sud doit être établie d’ici six à neuf mois, selon elle.

Mais ces investigations devraient profiter à tous les tribunaux en charge des crimes perpétrés dans ce conflit depuis 2013. La priorité doit être donnée aux violences sexuelles.

Depuis la reprise des violences en juillet dernier, les violations des droits de l’homme “ont massivement augmenté”, déclare la Commission mandatée il y a un an par le Conseil des droits de l’homme. L’attitude du gouvernement et d’autres parties au conflit laisse penser à des attaques “délibérées contre les populations civiles” en raison de leur identité ethnique.

Président sud-soudanais ciblé

Ils sont responsables d’exécutions, d’enlèvements, de détentions illégales, de violences sexuelles, pour lesquelles une impunité est constatée, ou encore de pillages, ajoute la Commission dont le mandat n’a pas encore été renouvelé. La plupart de ces abus ont été perpétrés par les forces gouvernementales, selon plusieurs rapports.

La Commission a mené deux missions au Soudan du Sud. De son côté, le conseiller spécial de l’ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, a alerté à plusieurs reprises, dont début février, sur la présence des conditions pour un génocide.

Dans son rapport, la Commission demande un cessez-le-feu “immédiatement” et de poursuivre les responsables de violations. Elle dénonce les offres d’amnistie lancées par le président Salva Kiir. Le gouvernement et les opposants armés doivent renouveler leur engagement à appliquer l’accord de paix.

Millions de déplacés

Les autorités doivent mettre un terme à la répression de la société civile et de ceux qui collaborent avec l’ONU. Une loi pour le processus de réconciliation doit aussi être votée.

Le gouvernement doit également apporter un soutien aux victimes, dont des réparations. Par ailleurs, l’accès humanitaire reste difficile. La population ne dispose pas de nourriture adaptée ou de soins. Les acteurs de l’ONU ne peuvent pas non plus se rendre dans les zones de conflit. La Commission demande aux parties de garantir cette assistance et au gouvernement d’établir les conditions pour le retour des déplacés.

La guerre au Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de tués. Plus de trois millions de personnes ont été déplacées. Et plus de 300’000 Sud-Soudanais ont trouvé refuge au Soudan, dit le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

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