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Maduro remporte la présidentielle vénézuélienne avec 67,7% des voix

Nicolás Maduro a été déclaré vainqueur de la présidentielle avec 67,7% des voix. KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS sda-ats

(Keystone-ATS) Le chef de l’Etat sortant du Venezuela Nicolás Maduro a été déclaré dimanche vainqueur de la présidentielle par l’autorité électorale, après le dépouillement de la quasi-totalité des votes. Avant même cette annonce, son plus sérieux rival avait dénoncé des fraudes.

Le président socialiste sortant remporte 67,7% des voix contre 21,2% à son principal adversaire Henri Falcon, a indiqué la présidente du conseil national électoral (CNE), faisant état d’une “tendance irréversible”.

Quelque 20 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Selon le décompte de la commission électorale, sur 8,6 millions de votes, M. Maduro a obtenu 5,8 millions des voix, contre 1,8 million pour Henri Falcon, a-t-elle précisé. Le taux de participation est de 46,1%, le plus faible de l’histoire du pays.

En 2015, lors de la précédente élection présidentielle, le taux de participation avait été de 80%. Il s’agit d’une “farce électorale”, a déclaré dimanche un parti d’opposition, évoquant alors un taux de participation inférieur à 30%.

Un “record historique”

S’exprimant devant ses sympathisants, Nicolás Maduro, 55 ans, s’est au contraire réjoui d’un “record historique”. “Jamais auparavant un candidat présidentiel n’avait gagné avec 68% des voix du peuple et jamais auparavant il n’avait 47 points d’avance sur le second candidat”, a-t-il lancé face à la foule réunie devant le palais de Miraflores.

Mais peu avant les résultats officiels, Henri Falcon a rejeté ce scrutin présidentiel, faute de “légitimité”. Il a exigé la tenue d’une nouvelle élection avant la fin de l’année. Le troisième candidat à l’élection, le pasteur évangélique Javier Bertucci, s’est joint ensuite à cette demande.

“Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral. Pour nous, il n’y a pas eu d’élection. Une nouvelle élection doit être organisée au Venezuela”, a déclaré M. Falcon, accusant le gouvernement d’avoir fait pression sur les électeurs.

Il a pointé du doigt les “points rouges”, quelque 13’000 stands installés par le PSUV, le parti au pouvoir près des bureaux de vote, où les Vénézuéliens pouvaient scanner les “cartes de la patrie” délivrées par l’Etat et recevoir ainsi de la nourriture et de l’argent.

Dissident du chavisme, la doctrine politique créée par Hugo Chávez, prédécesseur de Nicolás Maduro de 1999 à 2013, Henri Falcon, 56 ans, s’était présenté en quittant la coalition d’opposition (MUD), qui boycotte le scrutin, qu’elle qualifie de “fraude” depuis des mois.

“Une fraude”

De Bogota à Lima, en passant par Santiago ou Madrid, des centaines de Vénézuéliens à travers le monde ont manifesté dimanche pour dénoncer, eux aussi, “une fraude”. Outre l’opposition, les Etats-Unis, l’Union européenne et le groupe de Lima, une alliance de quatorze pays d’Amérique et des Caraïbes, rejettent ce scrutin.

Tous accusent M. Maduro de saper la démocratie. Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l’opposition qui ont fait 125 morts à la mi-2017, ont été écartés d’un revers de main avec la mise en place d’une assemblée constituante, toute puissante arme politique au service du camp au pouvoir.

“Les élections truquées ne changent rien. Il faut que le peuple vénézuélien gouverne ce pays… une nation qui a tant à offrir au monde”, avait tweeté le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

Un “complot impérialiste”

Nicolás Maduro, qui se présente comme le “fils” du charismatique Hugo Chávez décédé en 2013, était le grand favori de cette élection anticipée, bien que 75% des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, ou d’électricité, conjuguées à la hausse de l’insécurité.

Il assure faire face à un “complot impérialiste” dont l’enjeu serait les ressources pétrolières vénézuéliennes. Ses détracteurs, qui se disent victimes d’une campagne de répression politique, le tiennent pour seul responsable de la ruine économique d’un pays autrefois florissant.

Touché par l’effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d’un manque de devises qui l’a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans, le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13’800%.

Le mandat présidentiel, d’une durée de six ans, doit démarrer en janvier 2019.

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