Des perspectives suisses en 10 langues

Le français progresse en Suisse

Jeunes gens assis dans l herbe.
La population suisse provient d'horizons très divers, ce qui favorise le plurilinguisme. Keystone /Jean-Christophe Bott

Le paysage linguistique de la Suisse se modifie quelque peu. Alors que le français est de plus en plus parlé, de moins en moins de Suisse parlent régulièrement allemand. Les raisons de ces changements sont surtout à chercher du côté de la migration.


Beaucoup de Suisses peuvent être fiers de leurs compétences linguistiques; près des deux tiers de la population parle régulièrement plus d’une langue. Avec ses quatre langues nationales, la Suisse présente un paysage linguistique tout à fait particulier. Et on peut y entendre bien d’autres langues étrangères dans la vie de tous les jours.


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Selon les dernières donnéesLien externe de l’Office fédéral de la statistique (OFS), la majorité de la population résidente parle allemand comme langue principale. Parmi les langues étrangères, ce sont l’anglais et le portugais qui sont le plus souvent cités. Pour l’OFS, la langue principale est celle dans laquelle nous pensons et que nous maîtrisons le mieux.

Poussée du français

Fait intéressant: depuis les années 1980, la part de ceux qui citent l’allemand comme langue principale diminue constamment. L’italien aussi était en perte de vitesse jusqu’en l’an 2000, mais il a depuis progressé. Quant au français, il est lui aussi en progression depuis 1980.

Les modifications depuis l’an 2000 sont en grande partie dues à une modification dans la récolte des données. Depuis 2010, les personnes interrogées peuvent en effet citer plusieurs langues principales. Précédemment, une personne qui par exemple habitait en Suisse alémanique mais parlait portugais en famille ne pouvait indiquer qu’une seule langue principale.

Le fait que les migrants et les Suisses polyglottes puissent désormais citer plus d’une langue a fait que la part des langues non nationales a fortement augmenté parmi les langues principales.

Selon Renata Coray, de l’Institut du plurilinguismeLien externe de l’Université de Fribourg, l’immigration liée à la situation économique a une grande influence sur les langues qui sont parlées en Suisse. Environ un quart de la population résidente est étrangère. La Suisse est l’un des pays au monde présentant la plus grosse proportion d’étrangers sur son sol.

L’anglais aussi progresse en Suisse comme langue principale. En 2010, la langue de Shakespeare était déclarée langue principale dans 4,6% de cas, contre 5,4% en 2017. Cela provient aussi d’une immigration croissante en provenance de pays anglophones comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

Mais pourquoi le français gagne-t-il en importance comme langue principale, alors que l’allemand devient toujours moins important?  Une explication possible réside dans la provenance des migrants et dans la capacité d’intégration des différentes régions.

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Plus facile de s’adapter au français

En Suisse romande, les immigrants ont davantage tendance à s’adapter à la langue locale, souligne Renata Coray. Exemple: beaucoup de personnes qui parlent portugais, italien ou espagnol émigrent vers la Suisse romande. Ils ont tendance à apprendre rapidement le français, d’une part parce que c’est une langue latine assez proche de leur langue maternelle et d’autre part parce que les étrangers s’intègrent généralement plus vite linguistiquement en Suisse romande qu’en Suisse alémanique.

Au début, les étrangers venus s’installer en Suisse alémanique tendent à avoir plus de problème à parler allemand que ceux venus en Suisse romande à parler français. Les immigrants de Suisse alémaniques viennent d’autres pays que ceux de Suisse romande, par exemple du Kosovo, de Croatie, de Serbie ou de Turquie.

A cela s’ajoute qu’en Suisse alémanique, la population locale utilise essentiellement, dans la vie courante, des dialectes alémaniques plutôt que l’allemand standard. Cette situation complique naturellement l’intégration linguistique des étrangers.

Il existe aussi l’hypothèse que les Suisses alémaniques s’adaptent plus facilement aux locuteurs étrangers que les Suisses romands. Cela signifie qu’à Zurich, on est davantage prêt à parler à un étranger dans une langue commune – qui est généralement l’anglais.

Inexactitude statistique

Les données relatives aux langues principales de la population résidente suisse proviennent du Relevé structurelLien externe. Pour l’obtenir, on interroge par écrit une petite partie de la population, chaque année depuis 2010. Depuis que l’enquête ne porte plus sur l’ensemble de la population, comme c’était le cas avec l’ancien Recensement fédéral, on constate de petites inexactitudes statistiques, en dépit de tout le soin porté à ces relevés.

On peut s’en apercevoir dans le cas du romanche. Selon les statistiques, il n’y avait plus qu’environ 44’000 qui parlaient rhéto-romanche en 2017, soit 0,5% de la population. «Beaucoup plus de gens utilisent le rhéto-romanche comme seconde langue ou comme langue familière, relève Renata Coray. L’OFS parle d’environ 60’000 locuteurs. Cette langue est donc beaucoup plus utilisée que ce que les chiffres sur les langues principales ne laissent penser.»

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(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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