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Le système social suisse promis à une expansion massive

Le vieillissement de la population engendre une hausse massive de besoin en personnel soignant. Keystone

La population suisse vieillit. Par conséquent, le secteur social aura besoin d’un apport de main-d’œuvre massif dans les années à venir, en particulier dans le domaine des soins, de l’accompagnement et de l’administration. C’est ce que montre une étude de l’Office fédéral des assurances sociales. Mais trouver le personnel adéquat ne sera pas une sinécure.

La Suisse devra étendre son système social de manière «dramatique» au cours des années à venir, écrivait récemment l’hebdomadaire alémanique «Sonntagszeitung» en se basant sur une étude de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). L’étude, «emploi et productivité dans le secteur social», estime à 134’000 le nombre de nouveaux emplois à plein temps qui devront être créés d’ici 2030, comme le confirme Olivier Brunner-Patthey, de l’Office fédéral des assurances sociales. Ce dernier souligne cependant qu’il ne s’agit pas de chiffres officiels de la Confédération, mais du résultat d’une étude menée sur mandat des autorités fédérales.

«Le domaine social est devenu un secteur économique important, mobilisant toujours plus de ressources en personnel», peut-on lire dans l’étude. «L’étude confirme que la progression de l’emploi dans le domaine social a été nettement supérieure à la moyenne au cours des dernières années, une tendance qui s’observe aussi à l’étranger. Cette croissance devrait se poursuivre dans les 15 prochaines années.»

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Pour Donat Knecht, spécialiste de politique sociale à la Haute Ecole spécialisée de Lucerne et co-auteur de l’étude, l’évolution démographique est «assurément un facteur important, tout comme le sont les mutations de l’économie et de la société. La proportion de personnes à la retraite ou nécessitant des soins est toujours plus importante par rapport à celle des actifs. Et la mutation structurelle de l’économie rend le marché du travail toujours plus exclusif: des personnes qui autrefois trouvaient un travail sur le marché de l’emploi traditionnel n’y ont plus leur place aujourd’hui», affirme-t-il.

L’essor fulgurant du secteur social ne touchera pas uniquement les soins, l’accompagnement aux personnes âgées et l’administration. Selon l’étude de l’OFAS, le besoin en postes à plein temps va pratiquement doubler dans le domaine de la garde des enfants. «L’intégration des femmes sur le marché du travail est aujourd’hui une évidence. Cela nécessite la création de places d’accueil, un besoin qui n’est pas encore couvert aujourd’hui», explique Donat Knecht. 

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Il appartient désormais aux acteurs concernés, à savoir les cantons, les communes, les établissements de formation, les associations professionnelles ou de branche et les employeurs, de se pencher plus avant sur cette thématique et de prendre les mesures qui s’imposent, conclut l’étude de l’OFAS.

Pour les cantons, c’est la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS) qui est compétente en la matière. «Nous voyons encore un potentiel dans la formation continue (dans le sens de formation de rattrapage) pour les migrants adultes ou les personnes qui ont intégré tardivement le marché du travail», affirme la Secrétaire générale de la CDAS Gaby Szöllösy. «Nous nous faisons par ailleurs du souci quant à la forte proportion de personnes qui quittent le domaine du social», ajoute-t-elle.

La difficile quête de main-d’œuvre

Mais où donc trouver cette main-d’œuvre qualifiée, alors même que le peuple suisse a voté en 2014 une initiative («Contre l’immigration de masse») qui vise à restreindre l’arrivée de main-d’œuvre étrangère? En se basant sur une autre étude, «Demande de personnel qualifié et de formation dans le champ du travail social»Lien externe, la CDAS est en train d’étudier quelles mesures les cantons pourraient prendre, afin de couvrir ce besoin supplémentaire en personnel qualifié.

La CDAS souligne toutefois que l’étude a montré «que les étrangers sont comparativement moins nombreux à travailler dans le domaine social (le taux d’étrangers y atteint 12%, alors qu’ils forment 25% de la population suisse). Cela signifie que la mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse aura certainement des conséquences moins graves dans le champ du social que par exemple dans le secteur médical». Toutefois, le recrutement de personnel qualifié en nombre suffisant reste «un défi que nous devons aborder», conclut la CDAS. 

(Traduction de l’allemand: Samuel Jaberg)

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