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Manifestation contre la coalition droite/extrême droite en Autriche

Organisée à l'appel d'organisations de gauche et de la mouvance antiraciste, la mobilisation, première de cette ampleur depuis l'installation du gouvernement, a rassemblé dans le centre-ville de Vienne un public de tous âges, dont beaucoup de familles. Keystone/AP/RONALD ZAK sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 20’000 manifestants ont défilé samedi à Vienne contre la coalition entre la droite et l’extrême droite au pouvoir depuis près d’un mois en Autriche. Ils lui reprochent ses positions sur l’immigration et son programme social.

Sous le mot d’ordre “comité d’accueil de la nouvelle année”, 20’000 manifestants, selon la police, ont formé un long cortège dans le centre-ville à destination du quartier des ministères. Les organisateurs, qui espéraient 10’000 participants, ont salué la présence de quelque 60’000 personnes rassemblées.

Dirigé par le jeune conservateur Sebastian Kurz, vainqueur à 31 ans des élections du 15 octobre, le nouveau gouvernement autrichien formé mi-décembre a intégré six ministres d’extrême droite à des postes clés, dont Heinz-Christian Strache, chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) et vice-chancelier.

“Ce que je crains le plus, c’est que ce genre de gouvernement se banalise, devienne la nouvelle norme”, confie Christa, une manifestante de 55 ans, tandis que Tobias Grettica, un Allemand de 47 ans, disait être “inquiet de voir le nationalisme progresser partout, pas seulement en Autriche”.

Allusion à 1938

Un long cortège a parcouru le centre ville sous une pluie glaciale jusqu’au quartier des ministères où la foule, rassemblée au pied de la Hofburg, l’ancien palais impérial, a illuminé l’obscurité de milliers de lampes de téléphone portable.

Organisée à l’appel d’organisations de gauche et de la mouvance antiraciste, la mobilisation, première de cette ampleur depuis l’installation du gouvernement, a rassemblé un public de tous âges, dont beaucoup de familles. De nombreux slogans faisaient référence à l’histoire du pays, 80 ans après l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en mars 1938 et la mise en place d’un régime autoritaire fasciste.

“S’il vous plaît, pas encore”, proclamait une pancarte tandis qu’une banderole avertissait: “ceux qui tolèrent Kurz et Strache auraient applaudi 1938”. Anna, 23 ans, disait manifester contre “un gouvernement qui veut diviser la société, diaboliser les minorités, rogner le droit des femmes, dévaloriser la solidarité”. Une autre manifestant s’inquiétait de la promotion “d’un modèle familial normatif qui encourage les femmes à rester à la maison”.

C’est la deuxième coalition formée entre conservateurs (ÖVP) et FPÖ en Autriche après une première expérience de gouvernement au début des années 2000. L’alliance des deux partis avaient à l’époque suscité la réprobation internationale et entraîné des sanctions européennes. De nombreuses manifestations avaient eu lieu en Autriche dont les plus massives avaient rassemblé jusqu’à 250’000 personnes.

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