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Les gilets jaunes venus à Genève veulent des observateurs de l’ONU

Les gilets jaunes sont venus relayer dans le calme leurs revendications devant l'ONU à Genève. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Les gilets jaunes français sont venus à Genève pour demander l’envoi d’observateurs de l’ONU face à la “répression” de leur mouvement. Mercredi sur la Place des Nations, des centaines d’entre eux ont accusé le président Emmanuel Macron de crimes contre l’humanité.

Ils étaient attendus par milliers, mais ils étaient 600 selon la police, environ 1500 selon la convergence des chiffres donnés par les manifestants venus de plusieurs départements français. “Nous sommes venus dénoncer la répression”, a dit à Keystone-ATS celui que certains ont présenté comme “l’avocat des gilets jaunes”, Farid Faryssy, à quelques jours du début de la session du Conseil des droits de l’homme.

Les policiers étaient assez peu nombreux sur la Place des Nations par rapport au dispositif auquel les gilets jaunes font face habituellement en France. “Il y aurait eu 1000” gendarmes dans un rassemblement similaire, estime un manifestant.

De son côté, Me Faryssy lance le chiffre de 8000 interpellations en France en quelques mois. “On est au même niveau” que le Venezuela, affirme l’avocat. Avec quelques camarades, il a ensuite été reçu par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Suisse abordée par les manifestants

Selon plusieurs manifestants, l’envoi d’observateurs de l’ONU est devenu indispensable. Dans le cas contraire, la situation “va s’aggraver” et il faut s’attendre à plusieurs victimes, déplore Me Faryssy. Ces gilets jaunes ne souhaitent en revanche pas encore appeler le Conseil des droits de l’homme à établir une Commission d’enquête internationale.

La Suisse est abordée par plusieurs personnes. “J’aurais aimé que nos amis suisses dénoncent” le recours à la force de la police et des gendarmes, dit l’avocat. Plus loin, un drapeau mentionne “gilet jaune suisse”.

La plupart n’en veulent pas à la Suisse pour la fabrication des LBD, ces armes au centre de la controverse. Cet engin “est très précis” mais mal utilisé, relève Me Faryssy. D’autres ajoutent que les forces de sécurité recourent à des munitions fabriquées en France, trois fois plus puissantes.

La semaine dernière, plusieurs rapporteurs spéciaux de l’ONU avaient considéré la loi anti-casseurs souhaitée par les autorités comme contraire au droit international. Ils avaient aussi conclu à un recours excessif de la force par les policiers.

Benalla mentionné

Pour autant, il ne faut pas voir de coïncidence avec la décision de venir manifester devant l’ONU à Genève. Celle-ci avait été prise avant ces évaluations.

Le référendum d’initiative citoyenne établi comme les initiatives populaires en Suisse est également discuté par les manifestants. “Il n’est pas seulement souhaitable”, il est indispensable, insiste l’un d’entre eux.

Sur la Place des Nations, plusieurs groupes se sont constitués de manière disparate. L’un d’entre eux entame un grand débat des gilets jaunes, parfois très animé. Des relents complotistes sont aussi entendus. Un manifestant accuse le gouvernement de laisser faire les casseurs dans les rassemblements en France, d’autres s’en prennent aux médias.

Fiscalité, retraites, les questions abordées dans les nombreuses discussions en France sont reflétées. “Nous voulons seulement pouvoir vivre de notre travail”, dit le manifestant.

Des slogans comme “guerre civile”, “dictature” ou Macron “doit partir” montent parmi certains. “Pas de Benallisation”, ajoute une banderole en référence à l’ancien conseiller du président français Alexandre Benalla. “Benalla…il est enfin en prison”, lance aussi, satisfaite, une manifestante sur celui qui est mis en cause dans plusieurs affaires.

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