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Les Etats-Unis prêts à parler à l’Iran “sans conditions préalables”

Mike Pompeo (gauche) a terminé sa tournée en Suisse à Bellinzone par des entretiens officiels avec le conseiller fédéral Ignazio Cassis (à droite). KEYSTONE/TI-PRESS/SAMUEL GOLAY sda-ats

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis sont prêts à commencer à parler à l’Iran “sans conditions préalables”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Cette déclaration faite dimanche à Bellinzone aux côtés d’Ignazio Cassis, pourrait préfigurer un tournant avec Téhéran.

“Nous sommes prêts à nous asseoir autour d’une table avec eux. Mais l’effort américain visant à stopper radicalement les activités néfastes de la République islamique et de sa force révolutionnaire va se poursuivre”, a-t-il ajouté, laissant entendre que Washington n’entendait pas pour autant alléger sa campagne de “pression maximale” sur Téhéran.

C’est la première fois que l’administration de Donald Trump, qui s’est retirée il y a plus d’un an de l’accord international sur le nucléaire iranien et multiplie les sanctions économiques et la pression diplomatique et militaire, dit aussi clairement qu’elle est prête à engager le dialogue sans conditions préalables.

Mike Pompeo avait énoncé il y a un an douze conditions draconiennes pour conclure un “nouvel accord” avec l’Iran. Il exigeait en tout premier lieu des garanties sur le programme nucléaire iranien et l’arrêt des activités régionales de Téhéran au Moyen-Orient. Il avait plaidé pour que la République islamique se comporte au préalable comme “un pays normal”.

Téhéran exclut de renégocier

La réponse de l’Iran n’a pas tardé. Téhéran a exclu dimanche de “négocier” avec Washington sans un changement visible du “comportement général” des Etats-Unis après les déclarations de Mike Pompeo .

“Le changement du comportement général et des actes des Etats-Unis vis-à-vis de la nation iranienne est le critère” qui sera pris en compte avant toute éventuelle négociation, a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, en reprochant à M. Pompeo de “jouer sur les mots”

La Suisse veut poursuivre ses livraisons

De son côté, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a relevé que la situation actuelle avec l’Iran était “tendue”. Du côté suisse, “nous espérons qu’il n’y aura pas un regain de violence et d’autres sanctions qui feront davantage souffrir le peuple”, a déclaré le chef de la diplomatie suisse.

“Nous souhaitons trouver des solutions pour fournir des denrées alimentaires et des médicaments à ce pays, mais pour que ces marchandises puissent être payées, les Etats-Unis doivent libérer les canaux de versement au travers des banques; nous avons bon espoir qu’une solution puisse être trouvée”. Ces livraisons ne sont pas soumises aux sanctions.

Les deux ministres ont également abordé la situation au Venezuela, qui ne cesse de s’aggraver. En mars, la Suisse a signé avec l’ambassadeur américain Edward T. McMullen un traité pour représenter les intérêts américains au Venezuela. Ce mandat entrera en vigueur dès que le président Nicolas Maduro aura donné son accord, selon M. Cassis.

En passant par Berne et Montreux

La situation géopolitique a également été au menu des discussions, et plus particulièrement les relations avec la Russie et la Chine. Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a exprimé son inquiétude face aux tensions régnant entre les Etats-Unis et ces deux pays.

Les discussions ont aussi porté sur la coopération multilatérale. Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a réaffirmé le soutien de la Suisse aux réformes de l’ONU lancées par le secrétaire général António Guterres. Il en a profité pour présenter la fondation “Geneva Science and Diplomacy Anticipator”, un organisme qui a veut renforcer le rôle de la Suisse comme centre multilatéral au 21e siècle.

C’était la première fois depuis près de 20 ans qu’un secrétaire d’Etat américain se rendait en Suisse pour des entretiens bilatéraux et la deuxième rencontre de Mike Pompeo avec Ignazio Cassis depuis le début de l’année.

Arrivé vendredi, l’Américain a fait un petit tour de Suisse, visitant samedi le Parlement fédéral à Berne en compagnie de la conseillère nationale Christa Markwalder, passant l’après-midi à Montreux pour la réunion de Bilderberg puis terminant dimanche au Castelgrande de Bellinzone.

Multiples contatcs

Les relations entre la Suisse et les Etats-Unis connaissent actuellement un regain d’activité. Pas plus tard qu’il y a quinze jours, le président de la Confédération Ueli Maurer a rencontré son homologue américain Donald Trump.

Les deux présidents avaient évoqué les relations économiques. A ce propos, l’accord de libre-échange a aussi été évoqué à Bellinzone. “Pour les deux parties, il est évident qu’un accord doit profiter aux deux pays”, a souligné Ignazio Cassis.

Mike Pompeo a souhaité qu’il se concrétise “au plus vite et au mieux”. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays atteint près de 120 milliards de francs par an.

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