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Le Conseil des droits de l’homme apprend à se passer des Etats-Unis

Le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein a à nouveau pour sa dernière session du Conseil des droits de l'homme ciblé plusieurs pays (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le départ tonitruant des Etats-Unis du Conseil des droits de l’homme n’aura pas empêché celui-ci de viser pendant trois semaines de nombreux pays. L’enceinte onusienne a surtout décidé vendredi à Genève d’un suivi de la situation au Kasaï en RDC.

Depuis un an, le Conseil faisait face aux menaces de retrait lancées par l’administration du président américain Donald Trump en raison du point systématique contre Israël à l’ordre du jour. La décision aura été annoncée après deux jours de travaux depuis Washington.

Les avis convergents pour estimer que ce départ provoquera des conséquences sur l’enceinte. Mais il est encore “prématuré” d’identifier celles-ci, avait expliqué à l’agence Keystone-ATS l’ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU à Genève Valentin Zellweger. Certains parmi des ONG ajoutent aussi que l’impact sera plus important pour les Etats-Unis eux-mêmes.

Les représentants américains ciblaient régulièrement au Conseil des violations des droits de l’homme en Chine. Des attaques qu’ils ne sont toutefois pas seuls à lancer, selon la Suisse. Elle-même s’en est prise à Pékin pendant cette session en raison des camps d’internement où sont détenus des Ouïghours dans la région du Xinjiang.

Haut commissaire salué et ciblé

Sur les questions discutées, après trois semaines de travaux, le Conseil n’a pas prolongé vendredi l’équipe d’enquêteurs sur les abus au Kasaï en République démocratique du Congo (RDC). Il a seulement approuvé vendredi à Genève une mission de suivi de deux spécialistes pour évaluer l’action du gouvernement après les crimes contre l’humanité dénoncés récemment.

Un compromis salué par le gouvernement congolais et considéré comme “crédible” par l’ONG Human Rights Watch (HRW). La Suisse avait de son côté souhaité la prolongation de l’Equipe des trois experts internationaux (EEI) nommés par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Ceux-ci avaient dit que leur mandat devait être élargi à l’ensemble de la RDC.

Pour sa dernière session avant son retrait fin août, le Haut commissaire Zeid Raad al-Hussein aura à nouveau multiplié les dénonciations des situations des droits de l’homme dans le monde. Du Nicaragua au Venezuela en passant par le retour des nationalismes, à nouveau, et la Birmanie.

De nombreux pays dont la Suisse ont rendu hommage au travail du Haut commissaire. Mais pas la Chine qui a accusé son bureau d’avoir violé “les principes de l’ONU”.

Succès pour la Suisse

Tout au long de son mandat de quatre ans, M. Zeid n’a pas hésité à cibler des acteurs importants comme les Etats-Unis ou Pékin. Son successeur n’est pas encore connu. Selon des sources convergentes, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres souhaite une femme du sud.

Certains disent aussi qu’une personnalité moins résolue dans sa volonté de viser certains pays pourrait l’emporter. Il est probable que la numéro deux du Haut-Commissariat, l’Australienne Kate Gilmore, dirige elle de manière temporaire cette agence onusienne dès début septembre.

Vendredi, deux résolutions pilotées par la Suisse ont été approuvées. Selon la première d’entre elles, un groupe d’experts devra établir un rapport en 2020 sur la possibilité d’action du Conseil pour la prévention de violations des droits de l’homme, notamment par des acteurs comme la police ou en détention.

Une décision controversée pour des pays comme la Chine ou le Venezuela qui se sont de leur côté opposés à cette résolution adoptée par 28 voix contre 9 et 8 abstentions. Second rapport attendu en 2020, le Haut-Commissariat devra évaluer les conséquences des nouvelles technologies sur les droits de l’homme dans les manifestations.

Parmi les autres décisions, le Conseil a prolongé d’un an les mandats des rapporteurs spéciaux sur l’Erythrée, malgré le réchauffement récent de ce pays avec l’Ethiopie, et le Bélarus. Il a à nouveau condamné les violences et les abus en Syrie. Et des rapporteurs spéciaux et membres de groupes de travail ont aussi été nommés par l’instance.

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