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La présidente des Verts Regula Rytz tentée par le Conseil fédéral

Regula Rytz veut briguer une place au sein du Conseil fédéral. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) La présidente des Verts Regula Rytz veut devenir conseillère fédérale. La Bernoise a annoncé jeudi à la presse qu’elle était prête à porter l’ambition de son parti en décembre.

“J’ai décidé de me mettre à la disposition de mon parti car je veux assumer cette responsabilité pour la population et pour l’environnement” a déclaré la conseillère nationale. Après la victoire historique des Verts le 20 octobre, ce n’est pas possible de revenir au courant normal, a-t-elle expliqué en invoquant l’urgence écologique et l’attente des électeurs.

“Je suis prête, et j’ai le parcours nécessaire pour faire un travail de qualité.” Agée de 57 ans, Mme Rytz préside le parti depuis 2012. Au Conseil national depuis huit ans, cette enseignante de formation et universitaire de 57 ans a siégé au Grand Conseil bernois et à l’exécutif de la ville de Berne. Elle a également été secrétaire centrale de l’Union syndicale suisse.

La conseillère nationale a fait durer le suspense sur ses ambitions personnelles depuis le 20 octobre. Elle avait jusqu’ici temporisé, mettant en avant sa course au Conseil des Etats et annonçant que si elle était élue au deuxième tour le 17 novembre, elle ne serait pas en lice pour le gouvernement.

Son échec le week-end dernier a dégagé la voie même si le groupe parlementaire ne décidera que vendredi s’il lance une candidature à l’assaut du Conseil fédéral le 11 décembre. Mme Rytz tenait à se mettre publiquement à disposition avant afin que le groupe puisse décider en connaissance de cause.

Formule magique dépassée

A ses yeux, “l’actuelle formule magique a vécu” et il n’est pas question que les Verts attendent quatre ans pour tenter de décrocher un siège au Conseil fédéral. Les Verts ont quasi triplé leurs sièges au Parlement et réunissent avec le PVL 21% d’électeurs qui ne sont pas représentés au gouvernement.

Avec ce bond historique, les écologistes jouent dans la même ligue que les autres partis gouvernementaux et auraient arithmétiquement droit à un siège à l’exécutif. Répétant sa déception que le PLR ait verrouillé la situation en cours de législature, la présidente des Verts s’est dite optimiste sur les chances de son parti après les nombreuses discussions déjà menées après les autres partis.

Concurrence à venir

La conseillère nationale ne sera peut-être pas la seule sur les rangs, mais elle a indiqué ne pas avoir la vue d’ensemble en renvoyant à la séance de groupe de vendredi. Parmi les candidats potentiels, le conseiller d’Etat genevois Antonio Hodgers et le conseiller national zurichois Bastien Girod n’avaient “pas exclu” une candidature. Tous deux s’effacent au profit de Mme Rytz.

D’autres papables avaient déjà décliné avant. Parmi eux l’ancien directeur de l’instruction publique bernoise Bernhard Pulver, l’ancienne conseillère d’Etat argovienne Susanne Hochuli, le maire de Berne Alec von Graffenried, la conseillère nationale Maya Graf et la conseillère municipale bernoise Franziska Teuscher.

Deux visions opposées

Le parti n’est pas non plus tout à fait uni. Certains estiment que les Verts doivent “absolument” s’efforcer d’obtenir un siège au Conseil fédéral dès décembre. D’autres considèrent qu’une place au gouvernement n’est pas le plus important et que le parti devrait d’abord mettre l’accent sur le contenu de sa politique environnementale.

La partie s’annonce de toute façon délicate car il est difficile de déloger un ministre en place, or tous les conseillers fédéraux se représentent. Les Verts devraient attaquer un siège du PLR, celui du Tessinois Ignazio Cassis, car son parti est le plus fortement surreprésenté. Si la tentative échouait, ils ne tenteraient pas de ravir l’autre siège PLR occupé par Karin Keller-Sutter, a précisé Mme Rytz.

Si le premier essai échoue, cela n’aurait pas de sens selon elle. La Bernoise n’accepterait pas non plus d’être élue sur le dos de Simonetta Sommaruga si la droite décidait de l’évincer. Les élections fédérales ont aussi donné lieu à une vague violette, a rappelé Mme Rytz. La présidente a dit comprendre que la minorité tessinoise craigne de perdre son représentant au Conseil fédéral. “On ne peut pas satisfaire toutes les exigences à la fois”, s’est-elle excusée.

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