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L’Ethiopien Tedros premier Africain élu à la tête de l’OMS à Genève

Tedros Adhanom Ghebreyesus, ici lors de son discours mardi à Genève peu après son élection, sera dès juillet le premier Africain à diriger l'OMS à Genève. Keystone/VALENTIN FLAURAUD sda-ats

(Keystone-ATS) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) aura pour la première fois un dirigeant africain. L’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, ciblé par des accusations, a été élu mardi à Genève pour cinq ans à la tête de cette importante institution au sein de l’ONU.

Agé de 52 ans, l’ancien ministre, qui a occupé les portefeuilles de la santé mais aussi des Affaires étrangères, remplacera début juillet Margaret Chan. La Chinoise sera restée dix ans à la tête de l’organisation qui totalise environ 8000 collaborateurs dans le monde.

Une période pendant laquelle l’OMS aura été ciblée pour sa réaction trop lente face à Ebola. Ce reproche aura mené à une importante réforme pour rendre l’institution plus opérationnelle.

“C’est une période difficile pour la santé mondiale”, a estimé le directeur général élu dans son premier discours. Il a promis de commencer par “écouter”, notamment les Etats membres qui veulent une OMS “qui les aide à améliorer la santé de leurs citoyens”.

Santé pour tous

Et il fait de la couverture santé pour tous, notamment par les Objectifs du développement durable (ODD), “la priorité centrale” de son mandat. Avant l’élection, il avait insisté dans l’après-midi auprès des Etats membres sur le décès de son frère, alors qu’il était jeune, d’une maladie qui aurait pu être soignée.

“C’est un jour historique pour l’Ethiopie et pour l’Afrique”, a affirmé de son côté à quelques journalistes l’ambassadeur éthiopien auprès de l’ONU à Genève. De son côté, le conseiller fédéral Alain Berset a félicité M. Tedros et a salué son engagement à “servir la santé globale”.

La Suisse attend de lui qu’il rende l’OMS encore plus efficace “face aux urgences humanitaires et sanitaires”. Officiellement, Berne ne soutenait aucun des trois candidats et n’a pas dévoilé son vote.

Largement devant

Elu avec 133 voix, M. Tedros aura largement devancé David Nabarro, spécialiste de la santé dans l’appareil onusien, pendant les trois tours de scrutin. Le Britannique n’a même pas récolté l’ensemble des votes européens. L’ancienne ministre pakistanaise de la santé Sania Nishtar a elle été éliminée après le premier tour.

Outre la couverture santé pour tous, M. Tedros, spécialiste de la recherche contre la malaria, souhaite oeuvrer pour la prévention des épidémies mais aussi l’autonomie des Etats membres, la redynamisation du personnel et l’extension des donateurs. Il veut poursuivre la réforme de l’organisation, renforcer la réponse face aux urgences sanitaires et “améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescents”.

Mais également lutter contre les conséquences sanitaires du changement climatique, l’obésité et les maladies non transmissibles ou encore oeuvrer pour la santé des migrants. Devant les membres, M. Tedros a vanté sa réforme du secteur sanitaire dans son pays où près de 40’000 personnes ont rejoint le personnel de santé.

Ciblé par des opposants

Pendant une campagne tendue, notamment sur les réseaux sociaux, l’Ethiopien a fait face à plusieurs accusations. Notamment celle d’avoir maquillé trois épidémies de choléra dans son pays, qu’il avait démentie. Ou encore l’attitude de son gouvernement qui refuserait que des manifestants de l’opposition soient soignés.

Un ressortissant éthiopien avait perturbé lundi l’Assemblée mondiale de la santé, scandant “Pas de Tedros pour l’OMS”. Et plus d’une centaine d’autres avaient manifesté sur la Place des Nations.

L’Union africaine (UA) avait récemment apporté son soutien à l’ex-ministre. Et mardi, des dizaines de partisans de M. Tedros ont à leur tour convergé sur la Place des Nations.

Au total, 186 Etats étaient autorisés à voter parmi les 194 pays membres, premier scrutin aussi large dans l’OMS. Jusqu’à présent, seul le Conseil exécutif désignait les directeurs généraux. M. Tedros a salué une procédure qui va rendre l’institution “plus transparente” et a augmenté la “légitimité” du directeur général. Organisée à bulletins secrets, l’élection a eu lieu dans le cadre de l’Assemblée mondiale de la santé.

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