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«En Suisse, la télévision terrestre a toujours été un peu différente»

Portrait de Xavier Studer
Actif dans le journalisme et la communication depuis des années, Xavier Studer suit l’évolution de la téléphonie mobile depuis des années. Xavier Studer

La Suisse abandonne la TNT alors que la France veut développer cette technologie. Comment expliquer cette différence? L'éclairage de Xavier Studer.

swissinfo.ch: La France veut passer à la TNT en ultra haute définition, alors que la Suisse abandonne cette technologie. Cela semble étonnant d’un point de vue technique…

Xavier Studer:  La qualité de la TNT est souvent sujette à discussion. Cette technologie a amené une certaine propreté du signal TV. Mais le problème, c’est que c’est un signal numérique et que comme pour tout signal numérique, on peut en faire ce que l’on en souhaite. Si on attribue suffisamment de bande passante, on aura un signal de bonne qualité. Mais si on veut faire passer plus de chaînes sur un canal, on va dégrader la qualité. Or en France, cette qualité n’est pas toujours optimale.

En Suisse, on n’a jamais fait le pas vers la TNT en haute définition, parce que l’on retombe sur ces questions de bande passante. Mais on a limité la diffusion à quatre chaînes par canal, pour ne pas trop faire baisser la qualité. La SSR a peut-être fait le bon choix.

Le passage à la 4K reposera des questions de choix technologiques. Va-t-on continuer à faire du broadcast, comme dans le passé, ou va-t-on privilégier un réseau de données sur lequel l’un des contenus proposés peut être la télévision?

swissinfo.ch: Avec la disparition de la TNT, c’est la réception gratuite de la télévision qui disparaît. Toute une époque s’achève.

Xavier Studer: C’est effectivement un changement de paradigme. On voit qu’ Internet devient absolument central et que la télévision par Internet remplace le broadcasting.

Cela soulève des questions politiques. Puisqu’on est obligé d’avoir une connexion à Internet pour pouvoir accéder à la télévision ou à des offres spécifiques, se pose la question du prix. Du moment où l’on a besoin d’Internet pour accéder à des services d’information de base, dans quelle mesure ne faudrait-il pas réguler ces prix ou imposer davantage de concurrence pour les faire baisser?

swissinfo.ch: Dans un pays comme la France, un quart des ménages accède aux programmes télévisés exclusivement par la TNT. En Suisse, cette part est d’à peine 2%. Comment expliquer cette différence?

Xavier Studer: En Suisse, la télévision terrestre a toujours été un peu différente, car il y a peu de chaînes nationales produites et le pays se trouve à côté de voisins avec une offre très large. Rapidement est apparu le besoin de bénéficier d’une offre plus étendue. Les câblo-opérateurs sont arrivés avec le téléréseau et le signal est rapidement devenu aussi bon voire meilleur qu’avec les antennes. Parallèlement, on a profité d’une explosion du nombre de chaînes. La plupart de gens en zone urbaine sont passés très tôt des antennes râteau au câble, ce qui fait que le nombre d’utilisateurs de la TNT est aujourd’hui assez limité.

Les Français ont un bouquet francophone tellement riche avec la TNT qu’ils n’ont souvent besoin de rien d’autre. Mais en Suisse, c’est un peu différent. Si on avait aussi eu 20 chaînes, on ne supprimerait probablement pas la TNT aujourd’hui.

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