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Gestion de la pandémie: critiques toujours plus vives à l’encontre du Gouvernement suisse

Conseil fédéral
Quatre membres du Gouvernement suisse lors de la conférence de presse de vendredi dernier sur le coronavirus. Keystone / Alessandro Della Valle

Politiciens, médecins, scientifiques… Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent en Suisse pour critiquer la lenteur du Gouvernement dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Celui-ci a pris de nouvelles mesures lundi, mais le confinement et les tests à grande échelle ne sont pas encore à l'ordre du jour.

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Fermeture des écoles, renforcement des contrôles à la frontière italienne, interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes et limite maximale de 50 personnes dans les bars et les restaurants: ces mesures annoncées la semaine dernière par le Gouvernement suisse (Conseil fédéral) pour lutter contre la propagation du coronavirus ont d’abord été bien accueillies. Mais quelques jours plus tard, le nombre d’individus testés positifs à la maladie Covid-19 a augmenté de façon inquiétante et plusieurs cantons ont pressé le Conseil fédéral de prendre rapidement de nouvelles mesures.

Le Gouvernement a finalement annoncé lundi en fin de journée le passage en situation extraordinaire, le dernier stade prévu par la loi sur les épidémies, avec une fermeture des magasins non indispensables et des établissements publics, une interdiction des rassemblements et un contrôle à toutes les frontières. Mais sa lenteur à prendre des décisions dans cette période de crise est de plus en plus critiquée par les autorités cantonales, les médecins et les scientifiques.

«La population attend des mesures cohérentes à l’échelle du territoire»

«Je crois qu’aujourd’hui les cantons sont unanimes pour demander que la Confédération active les articles prévus dans la loi fédérale sur les épidémies qui donnent les pleins pouvoirs au Conseil fédéral pour décider d’actions particulières, a déclaré dimanche à la Radio Télévision SuisseLien externe (RTS) la présidente de l’Exécutif du canton de Vaud, Nuria Gorrite. Les cantons ont pris leurs responsabilités mais je crois que maintenant la population attend des mesures cohérentes à l’échelle du territoire.»

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Les autorités des cantons du Tessin et du Valais réclament quant à elles la fermeture totale de la frontière avec l’Italie. Christophe Darbellay, membre du Gouvernement valaisan, a confié au journal Le TempsLien externe: «La situation actuelle est totalement insatisfaisante concernant les frontaliers. Les grandes entreprises ont déjà pris des mesures pour les héberger en Suisse.»

«Nous ignorons la réalité de l’épidémie»

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Les médecins et scientifiques sont de plus en plus alarmés par la situation en Suisse et la réponse des autorités. Bertrand Kiefer, directeur de la Revue Médicale Suisse, fait part de son désarroi sur les réseaux sociauxLien externe et dénonce le fait que le Gouvernement suisse ait renoncé à tester tous les cas suspects: «Nous ignorons désormais la réalité de l’épidémie, par exemple si des zones sont en voie d’échappement. L’absence de savoir démotive ou angoisse inutilement les individus en quarantaine.»

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a d’ailleurs enjoint lundi à tous les pays d’accentuer les programmes de dépistage de la population, qu’elle présente comme la meilleure manière de ralentir la progression de la pandémie de coronavirus.

Didier Trono, professeur au laboratoire de virologie et génétique de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, a écritLien externe à la RTS: «Face à la mollesse de réaction de certaines autorités politiques et à la complaisance bonhomme des médias, la colère gronde au sein de la communauté suisse des médecins, soignants, scientifiques et autres spécialistes de notre pays appelés à aider notre population à faire face au cataclysme COVID-19.» Lui et ses confrères exigent «une réaction cinglante et organisée, avec cantonnement immédiat, tests d’infection à large échelle et préparation de notre système de santé à une déferlante de cas réclamant une prise en charge intensive et dépassant selon toute vraisemblance ses moyens actuels.»

Le Gouvernement suisse a poursuivi lundi sa stratégie de gradation mais il n’a toutefois pas annoncé de confinement général à ce stade, ce qui devrait continuer d’alimenter le débat dans la communauté scientifique et l’opinion publique ces prochains jours.

Un changement de stratégie est en vue pour les tests d’infection au coronavirus: ceux-ci vont être progressivement étendus aux personnes présentant des symptômes plus faibles, a indiqué Daniel Koch, responsable de division à l’Office fédéral de la santé publique.

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