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Faible progression des salaires en 2019, selon Credit Suisse

L'Union syndicale suisse (USS) a réclamé pour l'an prochain des augmentations de salaires de 2% à 2,5% pour compenser la stagnation des salaires réels ainsi que la hausse des primes d'assurance-maladie et des cotisations du 2e pilier (archives). KEYSTONE/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Les salaires ne devraient que modestement progresser cette année et la suivante, surtout en tenant compte de l’inflation, ont estimé mardi les économistes de Credit Suisse. Les entreprises préfèrent miser sur les créations de postes plutôt que d’augmenter les revenus.

Les augmentations de salaires ont été relativement faibles depuis la crise financière de 2008, avec des progressions inférieures à 1% par an. En 2017, ils ont ainsi crû de seulement 0,4% sur une base nominale, c’est-à-dire sans inclure l’inflation.

“Depuis 1943 – début du recensement – seule l’année 1999 a enregistré une croissance plus faible”, ont indiqué les spécialistes de Credit Suisse dans leur publication “Moniteur Suisse”. En tenant compte du renchérissement des prix, les salaires réels ont même légèrement reculé de 0,1% en 2017.

Si 2018 doit se caractériser par une hausse de 0,7% des salaires nominaux, l’accélération des prix – attendue à 1,0% cette année – se traduira par des salaires réels en baisse de 0,3%.

Un changement ne devrait intervenir qu’à partir de 2019, puisque les économistes de la banque aux deux voiles tablent sur une hausse de 1,0% des salaires nominaux et de 0,3% des revenus réels – en tenant compte d’une inflation anticipée à 0,7%.

L’évolution des salaires semble déconnectée des fondamentaux économiques. La conjoncture suisse s’annonce au beau fixe, grâce notamment à une embellie conjoncturelle en Europe. Credit Suisse a ainsi relevé ses attentes en matière de produit intérieur brut (PIB) à 2,7% cette année, contre +2,2% dans ses précédentes estimations. Pour 2019, les prévisions ont été confirmées à +1,7%, un rythme toujours soutenu si l’on considère l’apport des nombreux événements sportifs internationaux au PIB 2018.

Modération salariale volontaire

En matière d’emploi, le tableau est tout aussi réjouissant, la Suisse évoluant à un niveau de plein emploi, selon l’aveu de l’économiste Claude Maurer. Le taux de chômage est ainsi attendu à 2,6% cette année et à 2,3% la suivante.

De nombreux indicateurs plaident également pour une solide économie helvétique, notamment en matière de moral des consommateurs, dans le commerce de détail, l’hôtellerie ou l’indice PMI des directeurs d’achat, a énuméré la banque.

S’ajoutent à cela des facteurs démographiques comme le prochain départ en retraite de la génération des “baby-boomers” et un recul de l’immigration en Suisse. En parallèle, de nouvelles technologies comme la numérisation se répercutent dans des créations d’emplois.

Quid alors des hausses de salaires? “Il y a une certaine retenue en matière de politique salariale en Suisse, qui permet de garantir en contrepartie les emplois”, a expliqué M. Maurer. En somme, la modération salariale permet de protéger les emplois.

Cet argument ne doit certainement pas être du goût des syndicats. L’Union syndicale suisse (USS) a réclamé lundi pour l’an prochain des augmentations de salaires de 2% à 2,5%. Ces dernières sont nécessaires pour compenser la stagnation des salaires réels, l’évolution à la hausse des primes d’assurance-maladie et des cotisations du 2e pilier, a estimé la faîtière.

Daniel Lampart, économiste en chef de la centrale syndicale, a fait valoir que l’amélioration de la situation des affaires des entreprises ne s’est pas répercutée sur les salaires réels en 2017 et 2018. Ces derniers ont stagné malgré la reprise. De plus, les primes d’assurance-maladie ont pris depuis longtemps le large par rapport à l’évolution des salaires et les cotisations du 2e pilier suivent la même tendance à la hausse.

Une raréfaction en personnel qualifié ces prochaines années pourrait cependant porter les salaires, avec une hausse réelle escomptée à 1% les cinq prochaines années, a estimé Claude Maurer de Credit Suisse.

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