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En Afrique du Sud, mariage astronomique inédit pour mieux scruter l’univers

"Ce que nous allons faire, c'est écouter et regarder le ciel en même temps, ce qui est une idée complètement nouvelle en astronomie", a expliqué un des concepteurs du projet, Paul Groot, de l'université de Nimègue aux Pays-Bas (photo symbolique). Keystone/EPA ESO / M. KORNMESSER/HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Ajouter des yeux à des oreilles, pour mieux percer les secrets de l’univers. Des astronomes ont dévoilé vendredi au coeur du désert sud-africain du Karoo un télescope optique qui sera couplé à un radiotélescope géant, une première mondiale.

Baptisé MeerLICHT, qui signifie “plus de lumière” en néerlandais, le nouvel engin a été installé sur le site de Sutherland, au milieu de la vingtaine d’autres coupoles qui hérissent déjà ce plateau sec et isolé du sud de l’Afrique du Sud. Son miroir est de taille modeste – à peine 65 cm de diamètre, à comparer aux 8 mètres des “géants” qui scrutent le ciel depuis Hawaï ou le Chili – mais il possède un atout unique: il est connecté aux 64 paraboles du radiotélescope MeerKAT déployées à Carnarvon, à plus de 200 km de là.

Lui-même relié à un réseau d’antennes disséminées dans l’outback australien, le MeerKAT formera bientôt le plus puissant radiotélescope jamais assemblé, le SKA. L’instrument, équipé d’une parabole virtuelle d’un million de mètres carrés de surface qui lui donne son nom (“Square Kilometer Array”), doit être inauguré en juillet.

Ecouter et regarder le ciel

Le mariage scientifique inédit entre optique et audition célébré vendredi à Sutherland est né d’un partenariat entre astronomes sud-africains, néerlandais et britanniques. “Ce que nous allons faire, c’est écouter et regarder le ciel en même temps, ce qui est une idée complètement nouvelle en astronomie”, a expliqué un des concepteurs du projet, Paul Groot, de l’université de Nimègue (Pays-Bas).

Le nouveau télescope optique a été conçu pour étudier de larges portions du ciel avec une précision très fine. Il peut ainsi couvrir une surface équivalente à treize fois la pleine Lune et y repérer des détails d’une taille un million de fois inférieure à celle des plus petits objets visibles à l’oeil nu.

Grâce à ces caractéristiques, il va concentrer son attention sur les phénomènes astrophysiques les plus insaisissables, comme les explosions de supernovae, ces étoiles géantes qui meurent dans une immense déflagration, ou les sursauts de rayons gamma.

Ces événements n’illuminent le ciel que de brefs instants. “Nous n’avons donc que très peu de temps pour réunir des informations et comprendre ce qui se passe”, a expliqué Paul Groot. Jusque-là, les astronomes devaient compter largement sur la chance en espérant que plusieurs télescopes avaient fortuitement observé le même phénomène pour combiner leurs mesures.

Un grand pas en avant

Avec le nouveau dispositif, ils pourront systématiquement l’étudier sous plusieurs angles. Un grand pas en avant.

“Nous ne savons pas où ces explosions (d’étoiles) vont se produire”, a indiqué Ben Stappers, de l’université anglaise de Manchester. “Nous allons pouvoir en détecter avec MeerKAT (…) et immédiatement nous pourrons regarder l’image optique de ce qui s’est passé”, a-t-il ajouté, “cela va nous aider à comprendre l’origine de ces explosions énigmatiques”.

“C’est le début d’une nouvelle étape de la recherche coordonnée sous plusieurs longueurs d’ondes de certains des événements les plus violents de l’univers”, s’est réjoui Rob Fender, des universités du Cap (Afrique du Sud) et d’Oxford (Grande-Bretagne), un des responsables du nouveau télescope.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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