Des perspectives suisses en 10 langues

Du soutien pour les accusatrices et un collectif pour l’islamologue

Un comité de soutien a été créé pour les ex-élèves genevoises qui ont témoigné contre Tariq Ramadan (archives). KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER sda-ats

(Keystone-ATS) Des comités de soutien se créent en Suisse suite aux différentes accusations portées à l’encontre deTariq Ramadan. Un groupe veut défendre la parole d’ex-élèves genevoises alors qu’un collectif soutient le professeur.

“Le but est de dire à ces femmes: ne vous laissez pas impressionner, vous n’êtes pas seules”, a indiqué Anne Marie von Arx-Vernon, confirmant une information de la Tribune de Genève. Cette députée PDC connue pour son engagement contre la traite des êtres humains a lancé ce comité avec Fabienne Bugnon, une ex-élue verte.

Ce groupe représentant la société civile rassemble une centaine de personnes. Il se met à la disposition des ex-élèves qui ont témoigné anonymement contre le célèbre islamologue. Mme von Arx-Vernon a bondi en lisant les propos de l’un des avocats de M.Ramadan dans la presse. Me Marc Bonnant indiquait vouloir “débusquer les quatre accusatrices aux propos calomnieux et diffamatoires”.

“On n’en peut plus de ce genre de déclaration”, souligne Mme von Arx-Vernon, qui a plus de vingt ans d’expérience dans le soutien aux victimes. “Ces femmes vont se retrouver dans la situation de devoir se justifier en entendant des horreurs et elles seront présentées comme des personnes qui veulent détruire un homme”, déplore-t-elle.

A disposition

Pour l’heure, les quatre ex-élèves dont les témoignages ont été publiés par la Tribune de Genève n’ont pas pris contact avec le comité. “Nous restons à leur disposition en fonction de leurs besoins”, précise Mme von Arx-Vernon. Ces femmes ont raconté l’emprise psychologique qu’exerçait sur elles leur charismatique professeur.

Tariq Ramadan enseignait à Genève, sa ville natale, le français et la philosophie dans les années 1980 et 1990. Selon ces témoignages, il aurait tenté de séduire une de ses élèves alors âgée de 14 ans et l’aurait harcelée. Il serait arrivé à ses fins avec trois autres élèves âgées de 15 à 18 ans en ayant des relations sexuelles avec elles.

Un collectif

Ces témoignages interviennent après les deux plaintes pour viol déposées en France contre l’islamologue dans la foulée de l’affaire Weinstein. La Ligue des musulmans de Suisse a dénoncé dans un communiqué une campagne calomnieuse.

Elle appelle à la “constitution d’un collectif de femmes et d’hommes libres pour soutenir le professeur face au lynchage médiatique”. Ce lynchage bafoue à la fois la présomption d’innocence et les principes les plus fondamentaux de la déontologie du journalisme, relève encore la Ligue des musulmans de Suisse.

“Fiable et bienveillant”

Le théologien a aussi l’appui de Nadia Karmous, présidente de l’Association culturelle des femmes musulmanes de Suisse. Ayant collaboré avec Tariq Ramadan, la Chaux-de-Fonnière affirme vendredi dans L’Impartial et L’Express que “c’est quelqu’un de fiable et de bienveillant”.

Quant aux quatre anciennes élèves genevoises, elles ont transformé “leur lecture des faits”, analyse l’avocate des femmes musulmanes qui est aussi la directrice du Musée des civilisations de l’Islam. Ce qu’elles avaient ressenti comme complicité avec Tariq Ramadan à l’époque est désormais perçu comme du harcèlement. Elles ont été portées par la vague de libération de la parole sur le harcèlement sexuel.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision