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Vingt mille personnes manifestent à Berne pour l’égalité

Quelque 20'000 personnes, selon les organisateurs, ont manifesté samedi à Berne en faveur de l'égalité salariale entre hommes et femmes et contre la discrimination. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Quelque 20’000 personnes, selon les organisateurs, ont manifesté samedi à Berne en faveur de l’égalité salariale entre hommes et femmes et contre la discrimination. Ce rassemblement bruyant a été convoqué par plus de 40 organisations.

“La parité c’est maintenant”, “Même travail, salaire différent” ou encore “Marre d’attendre…”, pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestantes et les manifestants.

Car les femmes attendent depuis longtemps. L’égalité des sexes est en effet ancrée dans la Constitution fédérale depuis 37 ans et la loi en la matière est en vigueur depuis 22 ans. Mais le pouvoir et l’argent sont toujours répartis différemment, ont rappelé dans leurs interventions sur la place fédérale les représentantes des syndicats, partis et organisations à l’origine de cette manifestation.

10 milliards par année

Les femmes gagnent environ 20% de moins que les hommes, elles sont sous-représentées dans le monde politique et économique et accomplissent la plus grande partie du travail non payé.

“Chaque année en Suisse les femmes perdent 10 milliards de francs”, a souligné Vania Alleva, présidente du syndicat Unia. Pour chaque femme, cela représente en moyenne près de 600 francs de moins par mois par rapport à leurs collègues masculins. Cet argent manque aux femmes et à leurs familles, il manque aussi pour leur prévoyance professionnelle.

Débat aux Chambres fédérales

Alors que le Conseil national débat de la révision de la loi sur l’égalité, les manifestants exigent qu’il impose des instruments efficaces comme des contrôles salariaux obligatoires, une adaptation des salaires féminins discriminatoires et des amendes dissuasives au cas où une entreprise ne respecterait pas l’égalité salariale.

Le Conseil des Etats avait donné son feu vert en mai à un projet revu à la baisse. Il avait décidé que les entreprises occupant au moins 100 travailleurs, soit moins de 1% des employeurs, devraient procéder à une analyse de l’égalité salariale tous les quatre ans et la faire vérifier par un organe indépendant. Le Conseil fédéral voulait fixer la barre à 50 employés.

Les députés doivent à leur tour se prononcer ce lundi. La décision s’annonce serrée: la commission de l’éducation du National n’a accepté que de justesse d’entrer en matière sur le sujet.

Nouvelle grève des femmes

La chambre du peuple “doit corriger la révision de la loi”, affirme le syndicat Unia dans un communiqué publié samedi. Et sa présidente de souligner que les changements proposés sont une “mini-réforme”.

Toute autre attitude que l’adoption par le Parlement de cette révision serait “un affront”, écrivent samedi les organisateurs dans un communiqué. Faute de quoi, les femmes sont prêtes à faire grève le 14 juin 2019 “pour enfin concrétiser les droits des femmes et l’égalité”, avertissent plusieurs organisations.

Un groupe de personnes présentes samedi revendiquaient d’ailleurs une telle action. Une grève de femmes comme celle de 1991 est nécessaire pour montrer que sans les femmes, rien ne marche, expliquait une manifestante.

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