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Plus de 5000 manifestants condamnent l’invalidation du vote

"La démocratie est en berne", a déclaré le maire de Moutier Marcel Winistoerfer. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Entre 5000 et 10’000 personnes ont manifesté vendredi soir à Moutier (BE) pour dénoncer l’invalidation du vote de juin 2017 en faveur du rattachement au canton du Jura. Les orateurs ont appelé à continuer le combat, tout en prônant le calme.

La mobilisation du camp des déçus après la décision de la préfète du Jura bernois, Stéphanie Niederhauser, tombée lundi dernier, a commencé peu après 19h00 depuis la gare de Moutier, sur la place Roland Béguelin. Un cortège silencieux s’est ébranlé en direction de l’Hôtel de ville, situé à un kilomètre de là.

Les premiers rangs étaient occupés par de nombreux jeunes tenant une banderole sur laquelle était inscrit le mot démocratie, avec le drapeau du canton du Jura. Le défilé dans la nuit fraîche de novembre s’est déroulé dans le calme, conformément au souhait des organisateurs, “Moutier, ville jurassienne”.

Le maire dénonce

Arrivés devant l’Hôtel de ville, les manifestants, brandissant leurs drapeaux jurassiens, se sont massés sur la place pour écouter les trois orateurs programmés, tout en scandant des “Moutier bernois, plus jamais”. Le premier à s’exprimer, le maire Marcel Winistoerfer, a recueilli l’enthousiasme de la foule.

L’élu PDC a tout de suite salué ce moment d'”exaltation démocratique”. Il a répété qu’à ses yeux la démocratie avait été bafouée avec la décision de la préfecture du Jura bernois d’annuler la votation du 18 juin 2017, qui avait vu le camp autonomiste l’emporter avec 51,7% des voix.

Marcel Winistoerfer a dénoncé encore la lenteur, près de dix-sept mois, avec laquelle le dossier a été traité. Il n’a pas évoqué la question d’un éventuel recours contre la décision de la préfète. Le délai court pour 30 jours.

Elections municipales

Il a été aussi question dans les discours des élections municipales qui doivent se dérouler le 25 novembre. Le scrutin constituera un excellent baromètre pour mesurer l’état des forces en présence.

L’appel à la mobilisation pour ces élections a été relayé par la présidente du Parlement jurassien. Anne Froidevaux a assuré la population de Moutier du soutien indéfectible de “la République et canton du Jura”. L’élue du PDC a encore appelé la Confédération à prendre ses responsabilités. “Le processus n’a que trop tardé.”

Aux yeux d’Anne Froidevaux, la cité prévôtoise doit revenir dans la “maison jurassienne”, après des “décennies de patience”. Pour clore la manifestation, la porte-parole de “Moutier, ville jurassienne”, Corinne Schwab, a encouragé ses concitoyens à ne rien lâcher, avec “force et courage”.

Un candidat anti-séparatiste

Les organisateurs ont annoncé entre 9000 et 11’000 participants. D’autres observateurs ont estimé ce nombre un peu plus bas, entre 5000 et 7000 personnes, au plus. Aucun élément perturbateur n’est venu troubler l’événement qui a duré plus d’une heure. Les forces de l’ordre se sont faites discrètes.

Dans le camp pro-bernois, rien à signaler. Perdants en juin 2017, vainqueurs depuis lundi, en attendant la suite des opérations, ils ont respecté les appels au calme lancés par leurs leaders.

Le rendez-vous électoral du 25 novembre apparaît désormais très important. Le poste de maire de Marcel Winistoerfer sera contesté dans les urnes par le candidat anti-séparatiste Patrick Tobler, président de l’UDC du Jura bernois.

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