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Boeing accuse Bombardier de vendre à perte, le Canada conteste

La plainte de l'américain Boeing porte sur deux avions Bombardier de la gamme CSeries, le CS100 et le CS300 (archives). KEYSTONE/AP The Canadian Press/RYAN REMIORZ sda-ats

(Keystone-ATS) Le constructeur aéronautique américain Boeing a déposé jeudi une plainte contre son concurrent canadien Bombardier. Il l’accuse de vendre son dernier avion CSeries en dessous de ses coûts de fabrication. Le gouvernement canadien conteste vigoureusement la plainte.

Boeing a demandé à la Commission américaine internationale pour le Commerce (USITC) d’enquêter sur les pratiques commerciales de Bombardier. Il demande aussi d’imposer des droits de contrepartie et anti-dumping pour les avions de 100 à 150 sièges.

Cette plainte porte sur deux avions de la gamme CSeries, le CS100 et le CS300. Ces appareils viennent concurrencer frontalement le B737 du constructeur américain comme la famille des Airbus A320. La mise en service commerciale pour le plus petit a commencé en juillet dernier.

Il y a exactement un an, Bombardier avait arraché une commande ferme de 75 avions CSeries de la compagnie américaine Delta Air Lines, d’une valeur de 5,6 milliards de dollars américains sur la base de leur prix catalogue, un prix traditionnellement supérieur au prix payé par les compagnies. Les avions sont affichés par Bombardier à un tarif compris entre 79,5 et 89,5 millions de dollars.

“Bombardier s’est lancé dans une campagne agressive pour vendre ses avions CSeries sur le marché américain à des prix ridiculement bas, moins de 20 millions de dollars pour des engins qui coutent 33 millions de dollars à produire, en se basant des informations publiquement disponibles”, a avancé Boeing dans un communiqué.

Subventions gouvernementales

Toujours selon le groupe de Seattle, cette pratique, qu’il qualifie de “dumping”, est rendue possible par les subventions dont aurait bénéficié Bombardier pour ce programme. “Les CSeries ont reçu un soutien massif du gouvernement (canadien) s’élevant pour l’instant à plus de 3 milliards de dollars”, a ajouté Boeing.

A la signature, le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, avait relevé que la négociation avait été âpre car tous les “joueurs étaient à la table”, en faisant référence à Airbus et Boeing.

“Bombardier structure ses opérations commerciales de façon à s’assurer du respect des lois et règlements des juridictions dans lesquelles nous exerçons nos activités, y compris dans les cas soulevés par Boeing”, a réagi jeudi le groupe canadien dans un communiqué.

De son côté, le gouvernement du Canada a affirmé “préparer une vigoureuse contestation de ces allégations et défendra avec fermeté les emplois de l’industrie de l’aérospatiale des deux côtés de la frontière”.

Relations déjà tendues

Cette plainte de Boeing vient compliquer des relations déjà tendues entre l’administration de Donald Trump et le Canada.

Après la taxe sur les importations de bois de construction canadien en tout début de semaine, la menace de rétorsions contre les producteurs de lait canadiens, puis jeudi sa décision de renégocier l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), le contentieux s’aggrave.

Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau a rappelé que les “industries de l’aérospatiale” des deux pays sont tellement intégrées que plusieurs fournisseurs de Bombardier sont américains. Et “plus de 50% des composants des avions CSeries, dont les moteurs, seront fournis par les entreprises américaines”, a-t-il souligné.

Le groupe Bombardier a indiqué employer “environ 7000 personnes dans des dizaines d’installations” dans 17 Etats américains avec des achats de l’ordre “de 3 milliards de dollars par an auprès de fournisseurs américains dans 48 Etats”.

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