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“René Burri, l’explosion du regard” au Musée de l’Elysée

Au Musée de l'Elysée, l'exposition "René Burri, l'explosion du regard" propose jusqu'au 3 mai une nouvelle rétrospective de l'ensemble de l'oeuvre du photographe suisse, décédé en 2014. KEYSTONE/Laurent Gilliéron sda-ats

(Keystone-ATS) Le Musée de l’Elysée à Lausanne présente jusqu’au 3 mai l’exposition “René Burri, l’explosion du regard”. Cette nouvelle rétrospective consacrée au photographe suisse porte un regard inédit sur ses multiples activités créatrices pendant ses presque 60 ans de carrière.

Né en 1933 et décédé en 2014 à Zurich, René Burri a été tout au long de sa vie aux avant-postes de l’histoire mondiale, parcourant le monde pour de grands magazines. S’il est célèbre pour des icônes photographiques qui ont traversé les époques, telles que le Che Guevara au cigare, son oeuvre est néanmoins plus vaste et variée que l’on imagine, a expliqué mardi devant la presse Marc Donnadieu, l’un des deux commissaires de l’exposition.

Alors que de nombreuses personnalités sont passées devant son objectif, de Picasso à Giacometti en passant par Klein et le Corbusier, l’exposition montre la partie la plus secrète, la plus intime de ce grand photoreporter, grâce à des documents pour la plupart inédits: planches contact, tirages d’études, films, maquettes de livres, lettres, collages et aquarelles, notamment.

Fonds incroyable

Le tout provient du “miraculeux” fonds René Burri, a raconté Marc Donnadieu. En 2013, le photographe a créé une fondation afin de préserver ses archives. Il a demandé au Musée de l’Elysée avec qui il avait tissé des liens étroits de gérer son contenu.

Depuis sept ans, 20’000 documents, 10’000 tirages, 177’000 diapositives et des kilos de documentation diverses, dont des boîtes d’allumettes ou des guides de voyage, ont été inventoriés, examinés par les équipes du Musée de l’Elysée. “Nous avons abouti à 540 documents au mur”, a poursuivi le commissaire.

Double structure

L’exposition est structurée par une longue “ligne de vie” chronologique et biographique. Elle comprend aussi douze “focus” qui mettent en lumière des éléments du processus créatif de René Burri. Parmi eux, le cinéma qui le fascinait et qui a accompagné toute sa carrière. “René Burri a réalisé une vingtaine de films que nous sommes en train de restaurer avec la Cinémathèque”, a souligné Marc Donnadieu.

Autres thématiques déclinées, “Moi et les autres”, “Collages”, “Dessins”, “Télévision, la Chine, Magnum, l’agence qu’il a rejointe à 22 ans déjà et dont il est devenu membre en 1959. “Il s’agit d’un état des lieux de nos archives. Tous ces sujets pourraient être développés dans de futures expositions”, a ajouté Mélanie Bétrisey, co-commissaire de l’exposition.

Quant à l’image du Ché qui l’a rendu célèbre dans le monde entier, les commissaires n’en présentent pas de tirage, mais en racontent l’histoire: le billet d’avion de René Burri, le passeport, les planches contact, des photos du Ché au naturel avec la journaliste américaine qui l’interviewait, les produits dérivés ironiques réalisés par René Burri lui-même.

Pas de texte

Cette forme d’exposition est assez innovante, selon Marc Donnadieu. “Nous avons pris le parti de ne pas ajouter de texte pour que le visiteur se sente comme nous quand nous avons ouvert les cartons d’archives et afin qu’il regarde les images pour elles-mêmes”.

De l’exposition se dégage également le sens de la composition de l’artiste qui était capable grâce à sa formation de peintre, typographe et graphiste de créer une publication de a jusqu’à z. Si son ami Henri Cartier-Bresson ne recadrait jamais ses photos, René Burri faisait le contraire: l’impact visuel de la publication primait. Pour lui, la technique était un outil qui ouvrait le champ des possibles, a souligné le commissaire.

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